ZENON
Personne ne pourra se plaindre de ce que l'imperium de la blonde poupée Barbie soit menacée, dans le pays le plus peuplé du monde, par la poupée chinoise Yue wa-wa. « wa-wa » signifie « poupée » en chinois, et l'objet va inonder le marché de l'empire du Milieu. Quant à Yue Sai, ce n'est autre que le nom de celle qui a eu l'idée de la commercialiser.
Le détail, fourni par le correspondant du « Figaro » à Pékin (8/12), est que la dénommée Yue Sai s'est surtout fait connaître comme présentatrice à la télévision américaine, où elle acquit sa notoriété et son glamour. Il lui fut plus facile qu'à d'autres de venir expliquer son idée séduisante à la télévision chinoise sur sa poupée, aux longs cheveux noirs et aux yeux en amande. On pourrait même dessiner sa bouche avec l'extra-rouge commercialisé en Chine par la même Mlle Yue Sai, qui a les yeux en face des trous.
Selon elle, sa poupée « personnalise les valeurs traditionnelles d'intelligence, de diligence et de compassion vis-à-vis d'un compagnon masculin ». Le Chinois n'a-t-il pas abusé depuis des millénaires de la « diligence » et de la « compassion » de ces femmes parées qui s'appelaient, il y a peu, les geishas ? Qu'une geisha soit le modèle préféré par les petites Chinoises est bien inquiétant. On me dira qu'aux Etats-Unis, on a bien vu pousser des poupées Hillary, laquelle a heureusement au moins de diligence compassionnelle pour son compagnon !
Mais là où le marketing de la conceptrice de la wa-wa est un brin obscène, c'est lorsqu'elle détourne pour sa publicité une phrase de Deng Xiaoping : « Tout commence à l'enfance ». D'une part, si l'on suppose que c'est là la quintessence de la pensée-Xiaoping, c'est bien lamentable pour lui ! De l'autre, l'exemple japonais montre bien que les poupées peuvent intéresser de grands jeunes gens bien au-delà de l'enfance : elles sont grandeur nature, ils les habillent, et les déshabillent, et en babillent sur Internet !
Surtout, prétendre supplanter le règne de la blondasse aux yeux glauques par une créature jaune-thé à la tignasse de jais n'est pas une victoire de la condition féminine chinoise. Mais là n'est pas le but de Mlle Yue Sai, cosméticienne de talent, et démagogue hors pair. Tout ira mieux lorsque les petites Américaines voudront teindre leurs cheveux en noir et les natter !
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