P ARMI les femmes consultant en gynécologie, plus de 10 % prennent un avis pour des ménorragies. La moitié d'entre elles subira une hystérectomie dans les cinq ans. Bien sûr, l'intervention résout définitivement le problème, mieux que toute autre thérapeutique. Mais elle ne va pas sans un certain taux de morbidité ou de complications. Enfin, aspect non négligeable à l'heure actuelle, la chirurgie a un coût. Une alternative existe, médicale, le stérilet au lévonorgestrel.
C'est dans ce contexte que Ritva Hurskainen et coll. (Helsinki, Finlande) ont lancé une étude dans cinq hôpitaux universitaires finlandais. L'objectif est simple : comparer la qualité de vie de patientes et évaluer le rapport coût/efficacité des deux traitements. Ce qui n'avait pas encore été fait.
236 femmes ont accepté de participer
Ainsi 598 femmes ont été pressenties dans le cadre des consultations hospitalières. Seules 236 d'entre elles ont accepté de participer à l'étude et répondaient aux critères d'inclusion. Le tirage au sort a attribué à 119 patientes le traitement local et à dirigé 117 femmes vers le bloc. L'analyse était faite en intention de traiter.
« Au bout d'un an, ces traitements se sont montrés équivalents en termes d'état de santé, de qualité de vie en relation avec l'état de santé et de bien-être psychosocial (à l'exception de douleurs), mais le rapport coût/efficacité est en faveur du dispositif intra-utérin. » L'hystérectomie a, bien évidemment, été couronnée de succès dans le traitement des ménorragies, mais grevée de nombreuses complications. Il s'est agi de perforations vésicales ou intestinales en préopératoire ; de complications postopératoires classiques du type infection sur plaie, désunion, péritonite, saignements, etc. Son coût total, à un an, a été triple de celui par DIU.
Le stérilet au norgestrel, pour sa part, a également bien rempli sa mission, en diminuant les pertes menstruelles chez la majorité des femmes. Toutefois, environ 30 % des 119 femmes enrôlées ont abandonné le traitement et 20 % (n = 24) ont dû subir une hystérectomie. Au 12e mois, 53 % des patientes rapportaient une aménorrhée ou une oligoménorrhée et 32 %, des saignements intermenstruels.
Une faiblesse d'ordre économique
Si les auteurs pensent leur travail représentatif de la population générale, ils lui reconnaissent une faiblesse d'ordre économique. En effet, l'hystérectomie est, certes, chère, mais la majorité de ses complications survient dans les suites immédiates et le résultat thérapeutique est permanent. Le stérilet au norgestrel est certes moins dispendieux à court terme, mais il peut engendrer à long terme des dépenses inattendues. Un suivi plus prolongé est donc nécessaire, au moins à cinq ans. Au cours de cette période, en cas d'hystérectomie subtotale, des frottis doivent être pratiqués régulièrement, le risque de cancer persiste. Il en va de même chez les femmes porteuses d'un DIU avec, en outre, une possible réapparition de saignements gynécologiques.
« Les ménorragies sont une plainte fréquente responsable de nombreux désagréments tant physiques que psychiques ou affectifs chez de nombreuses femmes. Plusieurs travaux ont mis en évidence que le traitement des ménorragies améliore la qualité de vie. Les résultats de notre étude sont en accord avec ces travaux antérieurs... Ces résultats mettent l'accent sur l'importance du traitement de ce symptôme », concluent les auteurs.
« The Lancet », vol. 357, 27 janvier 2001, p. 273-277.
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