L A stérilité par insuffisance ovarienne précoce est relativement fréquente puisqu'elle touche 1 % des femmes. Elle se manifeste par un arrêt des règles avant l'âge de 40 ans, accompagné d'une élévation des gonadotrophines (FSH, LH).
L'insuffisance ovarienne précoce peut être le résultat d'une réduction dès le départ du stock des follicules ou d'une perte accrue des follicules ou encore d'une résistance aux gonadotrophines (FSH, LH). De plus, la principale anomalie peut résider soit dans l'ovocyte, soit dans les cellules folliculaires environnantes.
La plupart des cas sont idiopathiques et, donc, probablement de cause génétique. Parmi les autres causes, il faut citer l'auto-immunité, la radiothérapie et la chimiothérapie.
Une rare mutation homozygote dans le gène codant pour le récepteur de la FSH (FSHR) donne des ovaires « résistants » à la FSH. Mais hormis ce gène, aucun gène responsable d'une insuffisance ovarienne précoce n'a été découvert.
Blépharophimosis, ptôse, épicanthus inverse
Il existe un trouble autosomique dominant qui est associé à une insuffisance ovarienne précoce ; c'est le syndrome BPES ou blépharophimosis/ptôse/
épicanthus inverse, caractérisé par une anomalie congénitale des paupières, soit isolée (type II), soit associée chez les femmes à une insuffisance ovarienne précoce (type I).
Giuseppe Pilia, de l'université de Cagliari (Italie), et ses collaborateurs italiens, français, belges et américains, ont étudié des familles affectées de l'une ou l'autre forme de ce syndrome afin d'identifier le ou les gène(s) coupable(s).
Des précédentes études de liaison dans des familles affectées ont indiqué que les deux formes sont liées au même locus sur le chromosome 3q23.
Protéine tronquée
Pilia et coll. ont étudié deux gènes candidats, encore inconnus, et ont découvert que l'un d'eux, FOXL2, est muté chez tous les membres affectés de quatre familles atteintes du syndrome BPES type I. La mutation produit une protéine tronquée. Ils ont aussi découvert que le même gène FOXL2 est muté dans deux familles atteintes de BPES de type II, mais, dans cette forme, la mutation produit une protéine plus longue.
Les chercheurs ont constaté que le gène FOXL2 est exprimé dans les ovaires de la femme adulte, ainsi que, chez la souris, dans les paupières en développement et dans les cellules folliculaires qui entourent et nourrissent les ovocytes.
FOXL2 code pour un nouveau facteur de transcription, une protéine qui active d'autres gènes. On ignore encore quels sont les gènes cibles de FOXL2, et par conséquent par quel mécanisme les mutations de FOXL2 provoquent l'insuffisance ovarienne et la dysplasie des paupières. La mutation pourrait arrêter le développement normal des follicules, ou accélérer leur destruction.
Un certain nombre de facteurs de croissance sont co-exprimés avec FOXL2 dans les ovaires ; ainsi, les gènes codant pour ces facteurs de croissance représentent des candidats cibles de FOXL2. L'étude de la souris knock-out, déficiente en FOXL2, devrait aussi apporter des informations précieuses pour élucider le mécanisme par lequel FOXL2 prévient l'insuffisance ovarienne.
« Nature Genetics », février 2001, pp. 132, 159.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature