Médicaments et grossesse, l'ANSM met en garde contre l'automédication

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Publié le 15/02/2021
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Si 7 femmes enceintes sur 10 se disent suffisamment éclairées sur les risques liés à la consommation d’alcool ou de tabac, elles ne sont plus que 3 sur 10 à se déclarer averties des dangers liés à la prise de médicaments. Forte de ce constat, l’ANSM va lancer au printemps une grande campagne d’information sur le sujet.

Alors que 9 femmes enceintes sur 10 prendraient au moins un médicament et qu’en moyenne 9 médicaments seraient prescrits pendant la grossesse, l’objectif est de « déclencher dans la société un réflexe équivalent à celui que l’on a pour les risques liés à l’alcool ou au tabac », explique Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM.

« Nous ne sommes pas là pour diaboliser le médicament, insiste Céline Mounier, directrice de la surveillance à l'ANSM, mais pour sensibiliser sur les risques liés à la prise ou l’arrêt de médicaments pendant la grossesse et inciter les femmes au dialogue avec les professionnels de santé ». La campagne basée sur divers contenus adaptés à chaque cible -vidéos, brochures, affichettes- va démarrer en mars 2021 pour sensibiliser les professionnels de santé, suivie en avril d’actions à destination du grand public.

Haro sur l'automédication

L’automédication sera un des points centraux de la campagne d’information, en rappelant que les médicaments délivrés sans ordonnance ne sont pas anodins, même s’ils sont dépourvus du fameux pictogramme. Mais l’automédication est loin de se limiter aux médicaments achetés « devant le comptoir ». C’est souvent ceux qui restent dans l’armoire à pharmacie, ou qui ont été prescrits à une autre personne. « Il faut faire attention aux femmes qui se considèrent comme expertes en médicaments ou qui prennent les traitements de leur enfant pensant qu’ils sont inoffensifs », alerte Chantal HUNDA, sage-femme dans la Sarthe.

La vogue des traitements alternatifs « naturels » n’a pas amélioré la situation, avec la consommation de préparations à base de plantes, ou d’huiles essentielles qui devraient être contre-indiquées pendant la grossesse estiment les experts. Par exemple la sauge officinale ou la menthe poivrée sont neurotoxiques, mais ces huiles essentielles ne sont pas considérées comme des médicaments et beaucoup sont en vente libre en dehors des officines.

Informer avant la conception

Autre message fort porté par l'ANSM : « toute grossesse doit être préparée avec son médecin, et cela est d’autant plus indispensable si la femme est atteinte d’une maladie chronique ».

Découvrir qu’elle est enceinte, « ne doit jamais amener la femme à décider seule d’arrêter son traitement ou de modifier les doses prescrites », insiste l'agence du médicament.

A contrario, certains médicaments doivent être arrêtés très en amont de la conception du fait d'un effet toxique rémanent. « Certaines molécules comme les rétinoïdes ont une élimination extrêmement lente, et la contraception doit être poursuivie après l’arrêt du traitement jusqu’à leur élimination complète », insiste le Dr Sylvain Bouquet, médecin généraliste en Ardèche et membre du collège de la médecine générale. 


Source : lequotidiendumedecin.fr