De notre envoyée spéciale à Lille
L A réforme des études médicales, annoncée par Lionel Jospin le 30 juin dernier, est-elle en bonne voie ? L'adoption récente par l'Assemblée nationale en première lecture d'un article de loi qui supprime le concours de l'internat dans sa forme actuelle (c'est-à-dire réservé aux spécialistes) et le remplace par un examen classant que passeront généralistes et spécialistes pour accéder au troisième cycle constitue, il est vrai, un signe encourageant.
Mais la séance d'ouverture du 2e Congrès de l'ISNAR, qui s'est réunie à Lille, aura suffi à susciter le doute sur le climat dans lequel se déroulent les discussions sur les modalités d'application de cette loi (conditions d'examen, contenu du troisième cycle de médecine générale), sujets actuellement en discussion et qui doivent faire l'objet de décrets d'application. En effet, les conseillers du ministère de l'Education nationale et du secrétariat d'Etat à la Santé qui participaient au congrès, tout en se félicitant du « travail accompli en commun », ont demandé à la profession de se mettre d'accord avec les pouvoirs publics pour que la maquette du 3e cycle de médecine générale (autrement dit, le projet de contenu de l'enseignement de ce cycle) puisse faire l'objet d'un texte réglementaire dans « les trois mois à venir ». « Cette maquette conditionne l'allongement du 3e cycle de médecine générale de deux ans et demi à trois ans, mesure qui devait prendre effet à la rentrée 2000. Il ne faudrait pas que, de sursis en sursis, cela donne l'impression que l'on ne veut pas s'en occuper », a déclaré le Pr Gérard Lévy. « Ne perdons pas de temps. Cette maquette doit faire l'objet d'un arrêté, même si elle est imparfaite. Il sera toujours temps de la modifier par la suite », a-t-il poursuivi.
Car, comme l'a souligné le congrès de l'ISNAR, étudiants et enseignants n'ont pas tous les mêmes préoccupations.
Les résidents réclament en effet une évaluation plus fine des enseignants, un agrément qui garantisse la qualité des stages proposés durant l'internat, ainsi que la désignation d'un tuteur accompagnant l'étudiant durant toute la durée du cycle. Revendiquant une modification du statut précaire des enseignants de médecine générale (dont la mission est limitée à trois ans, renouvelables deux fois), enseignants, généralistes et doyens désirent en contrepartie que soient évalués les étudiants durant le 3e cycle.
Pour le Pr Jacques Roland, président de la Conférence des doyens de faculté de médecine, une validation de mi-parcours est nécessaire. « On pourrait programmer les quatre premiers stages à l'entrée de l'internat, faire le point sur les acquis et se laisser la fin du cycle pour corriger les éventuelles défaillances constatées », explique-t-il. Les futurs médecins généralistes feraient l'objet d'une notation des personnels hospitaliers.
Si toutes ces questions doivent encore donner lieu à des discussions entre les différentes parties impliquées dans la réforme, l'idée de mettre en place des référentiels de pratiques semble gagner du terrain. Un projet sur lequel travaille déjà l'ANAES.
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