Longévité : avantage aux intelligents

Publié le 08/04/2001
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S 'IL y avait des recettes de longévité, cela se saurait. S'il suffisait d'imiter Jeanne Calmant, avec sa vie tranquille d'Arlésienne, sa cigarette et son petit verre quotidiens, cela se saurait aussi. Alors les chercheurs cherchent. Et trouvent parfois (« le Quotidien » d'hier). Parmi les nombreux facteurs qui doivent intervenir, des Ecossais* en retiennent un pas forcément attendu : l'intelligence. Du moins ce que mesure le QI (quotient intellectuel).

Ils ont cherché la trace de 2 792 de leurs compatriotes nés à Aberdeen en 1921 et qui, à l'âge de 11 ans, en 1932, avaient participé à une enquête écossaise comprenant des tests de QI (moyenne 100). Ils en ont retrouvé 2 230, ce qui est déjà un exploit. Et ils ont découvert que ceux qui étaient morts avant le 1er janvier 1997, c'est-à-dire avant 76 ans, avaient un QI moyen significativement inférieur, une différence retrouvée quand on analyse séparément les hommes et les femmes, bien que le lien soit plus faible chez les hommes. Avec une exception : les hommes morts au combat pendant la Seconde Guerre mondiale (l'armée sait sélectionner ses hommes).
Les chercheurs en déduisent que des capacités mentales élevées pendant l'enfance diminuent les risques de mourir avant l'âge de 76 ans. Pour l'expliquer, ils ne peuvent cependant faire que des hypothèses en impliquant d'autres facteurs : le QI à 11 ans peut lui-même refléter les conditions du développement prénatal et postnatal, qui, s'il rencontre des obstacles, peut compromettre la santé ; un QI élevé peut être l'indicateur de l'intégrité du système nerveux, donc d'une meilleure résistance au déclin cognitif ou à la maladie d'Alzheimer par exemple ; un QI élevé est associé à des conduites préventives (alimentation équilibrée, pas de tabac, peu d'alcool), ce qui reste à démontrer ; un QI élevé permet d'être recruté dans des professions plus sûres.
Quoi qu'il en soit, les chercheurs le répètent, il ne s'agit que d'un facteur prédictif parmi bien d'autres. Les jeux ne sont pas faits à 11 ans.

* Lawrence J Whalley (professeur de santé mentale à l'université d'Aberdeen) et Ian J Deary (professeur de psychologie différentielle à l'université d'Edimbourg), dans le « British Medical Journal » du 7 avril.

R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6894