L'intérêt du dépistage du cancer du sein après 75 ans est relancé au congrès américain RSNA

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Publié le 21/11/2018

palpation mammaire
Crédit photo : PHANIE

Faut-il poursuivre le dépistage du cancer du sein après l'âge de 75 ans ? Le débat n'est pas clos, comme en témoigne une étude américaine présentée mardi 20 novembre au congrès de la société de radiologie d'Amérique du Nord (RSNA) à Chicago.

Pour le Dr Stamatia Destounis, radiologue à l'Elizabeth Wende Breast Care (EWBC) à New-York (Rochester) et coauteur : « il y a un intérêt à dépister les femmes après 75 ans parce qu'il y a une incidence considérable du cancer du sein ».

Une question en suspens

En France, comme aux États-Unis, le dépistage organisé (DO) du cancer du sein s'adresse aux femmes entre 50 et 74 ans. La question d'étendre les tranches d'âge n'est néanmoins pas tranchée, faute de preuves scientifiques suffisantes. Après 75 ans, l'Institut national du cancer (INCa) recommande aux femmes de « (se) rapprocher de (leur) médecin traitant pour déterminer la modalité de surveillance la plus adaptée à (leur) situation ».

De la chirurgie pour la quasi-totalité des patientes

Dans ce gros centre spécialisé américain, l'équipe du Dr Destounis a analysé les données de 763 256 mammographies réalisées entre 2007 et 2017. Un cancer a été détecté chez 3 944 patientes. Les plus de 75 ans représentaient 10 % des femmes incluses (n = 76 885), l'âge moyen étant de 80,4 ans. Un total de 645 cancers a été découvert chez 616 patientes, ce qui correspond à un taux de détection de 8,4 pour 1000 examens dans ce groupe d'âge. Les patientes de plus de 75 ans comptaient pour 16 % de l'ensemble des femmes ayant un cancer.

Des cancers invasifs

Dans ce groupe d'âge, les cancers étaient invasifs à 82 %, dont 63 % de grade 2 ou 3 avec un risque élevé de progression. « La plupart des tumeurs trouvées dans ce groupe d'âge étaient invasives, et presque toutes les patientes - 98 % - ont eu de la chirurgie », a souligné la radiologue new-yorkaise. Seuls 17 cancers n'ont pas été opérés en raison d'un âge avancé ou d'un mauvais état général.

Une évaluation à venir de la HAS

Pour la spécialiste américaine, « les bénéfices à un dépistage annuel après 75 ans continuent à contrebalancer tout risque minimal d'un test diagnostique additionnel ». La Direction générale de la santé (DGS) avait saisi en 2013 la Haute Autorité de santé (HAS) sur la question de l'extension du DO chez les 40-49 ans et les 70-79 ans. L'autorité sanitaire, qui est en train de finaliser l'évaluation de la place de la tomosynthèse dans le DO du cancer du sein, va reprendre ses travaux sur les tranches d'âge en 2019.