LA NOTION d’insuffisance cardiaque reste encore trop souvent associée à la baisse de la fraction d’éjection systolique ; or une insuffisance cardiaque diastolique – qu’elle soit isolée ou associée à une insuffisance systolique – constitue une dysfonction cardiaque.
Pour mieux apprécier l’incidence des différentes formes d’insuffisance cardiaque dans une population tout-venant, hospitalisée ou non, des cardiologues de la Mayo Clinic de Rochester (Etats-Unis) ont mis en place une étude sur 556 insuffisants cardiaques récemment diagnostiqués. Leur fonction cardiaque a été évaluée par échographie, mesure de la fonction systolique et diastolique, dosage du BNP. Les patients ont tous été suivis pendant au moins six mois pour que soit déterminé l’impact sur la morbi-mortalité à moyen terme des différentes formes d’insuffisance cardiaque.
La fraction d’éjection systolique de 55 % des 556 participants était dans les limites de la normale à l’entrée dans l’étude : il s’agissait plus généralement de femmes, de sujets âgés et de personnes qui n’avaient pas souffert d’infarctus du myocarde. Chez 44 % des patients, il existait une dysfonction diastolique isolée. En revanche, chez les sujets dont la fraction d’éjection systolique était abaissée, il existait dans 67 % des cas une baisse modérée ou importante de la fonction diastolique.
Au total, il existait une dysfonction diastolique chez 80 % des patients et une dysfonction globale chez 37 % des 556 sujets inclus. Cette répartition était équivalente chez les sujets hospitalisés et ceux traités en ambulatoire et elle ne différait pas selon les antécédents cardio-vasculaires des patients.
La baisse importante de la fraction d’éjection systolique et l’existence d’une dysfonction diastolique étaient liées de façon indépendante à des taux élevés de BNP. A six mois (248 jours en moyenne), le taux global de mortalité était de 16 %, que la fraction d’éjection ventriculaire fût diminuée ou non, alors que le taux de mortalité attendu dans cette population était de 4 %. Ces résultats n’étaient pas modifiés après ajustement pour les autres facteurs de risque cardio-vasculaires tels que l’hypertension, l’insuffisance rénale et d’autres comorbidités.
L’influence sur le pronostic à six mois.
Pour les auteurs, «dans cette étude à large échelle menée chez des patients insuffisants cardiaques tout-venant, hospitalisés ou non, la grande majorité des malades présentaient une fonction ventriculaire gauche systolique préservée mais l’écho-Doppler a mis en évidence des signes de dysfonction diastolique. Même si la plupart des sujets atteints étaient âgés et présentaient des comorbidités, il semblerait que l’existence d’une insuffisance diastolique influe de façon négative sur le pronostic à six mois. Des études devraient être menées afin de mieux comprendre la physiopathologie et l’impact de cette dysfonction sur la survenue de pathologie cardiaque secondaires».
« Jama », 2006 ; 296 : 2209-2216.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature