L'IMAGERIE fonctionnelle avec l'IRM « flair » et le PET-scan suscite depuis peu un vif intérêt dans la recherche sur l'alcool. Avec la spectroscopie par résonance magnétique, il apparaît que certaines molécules, telles que la choline, la créatine et la noradrénaline, sont en quantité plus faible dans le cerveau des sujets alcooliques ; et cela serait le reflet de l'atrophie globale. A l'aide du marqueur fluorodéoxyglucose (DFG), les chercheurs ont pu mettre en évidence au PET-scan une baisse du métabolisme cérébral après absorption d'alcool. Il apparaît également que les récepteurs DAD2 sont en nombre moins élevé chez les alcooliques et les anciens alcooliques sevrés alors qu'il existe une plus grande disponibilité des récepteurs opioïdes μ dans le striatum. Ces résultats devraient pouvoir permettre de définir une base biologique à des traitements ciblés pour un individu donné.
Le risque de rechute après sevrage.
Est-il possible de prédire qu'un ancien alcoolique sevré rechutera ? Les derniers travaux en neuroimagerie semblent le promettre : ils identifient les processus émotionnels en jeu. Après stimulation visuelle, par exemple une chope de bière, on constate un flux sanguin accru au niveau du striatum et du putamen des sujets alcooliques par rapport aux sujets contrôles. L'activation cérébrale pourrait donc être prédictive de la rechute.
L'imagerie structurelle (scanner et IRM) montre clairement des différences entre les alcooliques et les sujets sains. Les volumes de l'hippocampe et des amygdales cérébelleuses sont plus petits chez les alcooliques que chez les sujets sobres ; il est même possible d'identifier précisément les zones atrophiées.
Il semble que les femmes soient plus vulnérables à l'alcool que les hommes, non pas en termes d'atrophie corticale, celle-ci étant identique dans les deux sexes, mais en termes de rapidité d'installation de celle-ci.
L'étude du génotype.
Le génotype des sujets passant un examen de neuroimagerie révèle le rôle du gène CB-1 sur le volume de l'hippocampe. On a pu également établir une corrélation entre le génotype 5HTT de la sérotonine et la réponse de l'amygdale aux émotions chez les sujets alcooliques.
Bien que quelques-uns de ces résultats neurobiologiques devraient améliorer les traitements, il reste encore beaucoup à faire. Les traitements médicamenteux pour la lutte contre la dépendance alcoolique sont à peu près au même stade que les antipsychotiques et les antidépresseurs il y a trente ans. Il existe un retard significatif de la recherche dans l'alcoolisme en comparaison à d'autres problèmes de santé mentale. La recherche scientifique a un impact fort sur la perception de la maladie mentale et sur les individus en quête de traitement.
Paris. Alcoolisme : avancées internationales en neurosciences et perspectives de traitement. Séminaire « Recherches sur l'alcool et l'alcoolisme » organisé par l'Inserm. Intervention du Pr Karl Mann, université d'Heidelberg (Allemagne).
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