D OIT-ON inscrire la créatine sur la liste, établie par le Comité international olympique (CIO), des procédés et des produits dopants dont l'usage est interdit chez les sportifs ? C'est l'une des questions que soulève l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) dans un avis sur l'évaluation des risques présentés par la créatine pour le consommateur, effectué à la demande de la direction générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des fraudes (DGCCRF).
Supplément nutritionnel censé augmenter la masse musculaire et l'énergie, la créatine est très appréciée par les sportifs de haut niveau. Excepté en France où sa commercialisation est interdite, bon nombre de sportifs en consomment au grand jour. Selon le Pr Michel Rieu, président de la Société française de médecine du sport, « si la liste des produits dopants doit s'inspirer du principe de précaution, pourquoi ne pas y inscrire la créatine ?»
L'AFSSA attire en effet l'attention sur le « risque carcinogène potentiel » que constitue la supplémentation en créatine, tout en précisant que ce risque est actuellement « insuffisamment évalué, en particulier à long terme ».
« D'après quelques études épidémiologiques, des incidents digestifs, musculaires et cardio-vasculaires ont été décrits, selon l'AFSSA. La supplémentation ne semble pas s'accompagner d'effets délétères sur les fonctions rénales des sujets sains. » L'agence estime cependant que « des études scientifiques rigoureuses sont nécessaires pour invalider ou conforter les soupçons de dangerosité ».
Aucun effet sur l'endurance
Par ailleurs, l'apport de créatine autre que celui provenant d'une alimentation naturelle d'origine animale (poisson, buf, porc) est inutile, selon l'agence, est de peu d'effets sur les performances : « L'ingestion de créatine, lors d'une supplémentation aiguë ou chronique, augmente de 3 % au maximum le poids corporel chez l'homme et de 10 % au maximum la masse musculaire par un effet de rétention d'eau intramusculaire. ».
Concernant les effets de l'apport complémentaire en créatine sur les performances sportives, l'AFSSA constate que l'amélioration concerne « uniquement les exercices brefs et/ou répétés de haute intensité durant 15 secondes au moins » et que la supplémentation « n'a aucun effet démontré sur l'endurance ».
Quand l'AFSSA s'interroge sur l'opportunité d'inscrire la créatine sur la liste des produits prohibés, le Pr Rieu soulève, quant à lui, un autre problème. Celui de la vente sur Internet d'un certain nombre de produits appelés « créatine » et qui contiennent des anabolisants stéroïdiens. « J'en arrive à croire, dit-il, - mais cette réflexion est entièrement personnelle - qu'un certain nombre de sportifs, contrôlés positifs, se sont faits piéger par ce système. » Le Pr Rieu estime que la vente de ces produits « méritent une réflexion ».
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