À l’occasion d’une rencontre organisée ce jeudi à Paris par « Décision Santé » (1), la députée d’Indre-et-Loire a annoncé qu’il y aurait une « réforme de structure » centrée sur la médecine de proximité. « Nous sommes arrivés au bout de l’organisation d’un système, les inégalités d’accès aux soins sont creusées, et la santé est devenue une question grand public », a-t-elle expliqué, citant les interpellations permanentes sur « les dépassements d’honoraires », « les rendez-vous dans des délais déraisonnables », ou encore la démédicalisation des zones rurales. « Dans l’organisation actuelle, les rustines sont vouées à l’échec », a-t-elle résumé.
S’il n’est pas question d’abroger la loi HPST (« nous ne remettrons pas en cause les ARS, par exemple »), Marisol Touraine considère que cette loi a posé le principe du premier recours aux soins « sans en donner les moyens » et a également mis à mal la notion de service public hospitalier. « Il y aura de nouvelles dispositions sur ces points », a-t-elle déclaré.
Récusant toute « vision idéologique », elle a souligné que des « règles différentes » devaient s’appliquer dans les établissements publics et privés, l’hôpital étant « le seul à traiter toutes les pathologies, à accueillir tous les publics et à assumer toutes les missions ». S’il n’est pas question de revenir à l’enveloppe globale hospitalière, elle juge que la T2A a abouti à des dérives « inflationnistes » et qu’il faudra compléter ce mode de financement.
En ville, elle confirme que les dépassements seront « encadrés » même si elle ne plaide pas pour la suppression du secteur II. « Nous proposerons une négociation sur l’encadrement des dépassements d’honoraires, avec les complémentaires dont le rôle devra être mieux reconnu avec un cahier des charges », a-t-elle indiqué,précisant que la situation n’est pas la même dans toutes les régions. « Il faudra remettre à plat la question du reste à charge », a-t-elle ajouté.
Côté rémunération, il faudra « développer la part forfaitaire » à côté du paiement à l’acte. Ces forfaits devront favoriser l’approche préventive, l’implantation des médecins dans les zones fragiles et les coopérations. « Nous ne voulons pas remplacer la médecine libérale par du salariat », a-t-elle insisté.
La liberté d’installation ? Marisol Touraine a expliqué que la question de la contrainte « fait débat chez nous, comme dans la majorité » mais qu’une action autoritaire risquait de pas aboutir aux effets recherchés. Elle appelle de ses vœux un ensemble de mesures – sur les études, les forfaits, les maisons de santé, la coopération, l’aménagement du territoire, les services publics sans oublier la mise en place de « centres de santé avec des médecins salariés ».
Sur le financement de la protection sociale, elle a confirmé l’hostilité du PS à la TVA sociale, la volonté de François Hollande de remettre en cause bon nombre de niches sociales avant de préciser que c’est « autour de la CSG que doivent se reconstruire les recettes ». « Des recettes de la Sécurité sociale qui devront être sanctuarisées », a-t-elle conclu.
Se verrait-elle en ministre des Affaires Sociales et/ou de la Santé ? « Pour l’instant, je me bats pour que François Hollande soit le prochain chef de l’État et pour retrouver mon siège de députée », a-t-elle botté en touche.
(1) En partenariat avec le « Quotidien du médecin »
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