Les professionnels de l’acupuncture se structurent contre l’exercice illégal

ILS SONT près de 10 000 professionnels de santé spécialistes d’acupuncture (avec diplôme d’État) à s’inquiéter des dérives qui guettent leur métier.

Ces 4 000 médecins, 2 000 masseurs kinésithérapeutes, 1 000 sages-femmes mais aussi des vétérinaires et pharmaciens diplômés d’État font face à la concurrence déloyale de 4000 à 7000 personnes qui pratiquent l’acupuncture et la médecine chinoise en toute illégalité, sans diplôme reconnu. C’est pour combattre ces pratiques que les professionnels de santé ont décidé de s’unir et de se structurer.

« L’image actuelle de l’ostéopathie, spécialité au sérieux écorné par des pratiques douteuses et illégales, a été notre signal d’alarme, explique le Dr Michel Fauré, président du Syndicat national des médecins acupuncteurs de France (SNMAF). Pour éviter ce sort à notre spécialité, nous avons décidé de rapprocher les professionnels de santé et les vétérinaires au sein d’une fédération interprofessionnelle de l’acupuncture ». Cette Fédération a été créée au terme d’une assemblée réunie dans les locaux de l’Assemblée nationale.

L’une des raisons justifiant cette Fédération est l’impunité dont bénéficient, selon les professionnels de santé, les acupuncteurs et masseurs amateurs. « Nous perdons systématiquement tous nos procès contre ceux qui pratiquent comme nous le massage Tui Na [qui s’appuie sur les points d’acupuncture] mais sans visée thérapeutique, déplore Yves Azzopardi, du Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Ils ont bonne presse auprès des tribunaux parce que ce sont souvent des personnes précaires qui essayent de s’en sortir, selon la formule imposée… Et qui font baisser les chiffres du chômage ».

Influence.

« Ces pratiques illégales peuvent même mettre la vie du patient en jeu, s’inquiète le Dr Piernick Cressard, du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Les petits charlatans sont relativement inoffensifs comparés au pouvoir de persuasion et à la puissance juridique des sectes qui, comme l’Église de scientologie, ont les moyens de se payer d’excellents avocats pour contrer nos attaques ».

À défaut de succès auprès des tribunaux, les professionnels de santé spécialistes d’acupuncture aspirent à limiter l’influence des « non professionnels » en offrant plus de visibilité à leur spécialité. « Le fait que les Ordres soient présents, ici, dans ce bureau de l’Assemblée nationale mis à notre disposition par le député UMP Bernard Deflesselles est un signal fort de notre détermination », argumente le Dr Fauré, soutenu par le Syndicat des médecins libéraux (SML). « Le rendez-vous manqué avec l’ostéopathie nous a convaincus de cesser les querelles qui nous animent et de nous serrer les coudes entre professionnels », explique le rhumatologue ostéopathe. La nouvelle Fédération déposera ses statuts dans les semaines à venir.