De notre correspondant
L ONGTEMPS médecin du travail attentive aux problèmes de surdité liés à l'environnement professionnel, par ailleurs passionnée de musique classique et aujourd'hui spécialisée en acupuncture - par laquelle elle soigne de nombreux patients souffrant d'acouphènes -, le Dr Que-Chi Koang, installée à Lyon, a obtenu l'autorisation du CNSM de Lyon de réaliser une étude audiométrique au long cours auprès des étudiants.
D'avril 1998 à janvier 2000, elle a pu procéder à un long travail d'évaluation auprès des diverses promotions du conservatoire, notamment lors de répétitions de « la Symphonie fantastique », d'Hector Berlioz, dont on connaît le niveau sonore élevé. Un travail qui a été complété par une série de questionnaires (1).
Paradoxalement, peu d'élèves musiciens sont conscients de leurs troubles auditifs au point de s'en plaindre, alors qu'une proportion significative, 28 %, sont victimes de pertes auditives. Sans qu'il soit toutefois possible de corréler ce constat alarmant avec l'ancienneté dans la pratique d'un instrument ou la longueur de l'exercice quotidien d'apprentissage.
Selon l'étude du Dr Koang, les instruments les plus agressifs pour l'audition semblent être les cuivres, les percussions, l'orgue et le chant.
Et si beaucoup d'étudiants avouent souffrir régulièrement à l'issue des répétitions de bourdonnements, sifflements, maux de tête, vertiges et acouphènes, 83 % affirment « entendre bien ». La conscience d'une exposition au risque reste donc minoritaire.
Des mesures de prévention
« Connaissant les précautions thérapeutiques qui sont prises chez les sportifs au plus petit claquage ou à la moindre entorse, dit le Dr Kuang au « Quotidien », on constate à quel point le problème de la perte auditive reste un sujet tabou, délibérément caché, non seulement chez les musiciens de la région lyonnaise mais dans la communauté tout entière des musiciens, au niveau national ».
Le Dr Kuang ignore les éventuelles mesures de prévention que pourraient être amenés à décider les responsables éducatifs du CNSM de Lyon, destinataires des résultats de sa recherche ; elle estime que cette prévention doit « impérativement passer par une information des étudiants sur les risques encourus » et par le port systématique de protections auditives simples. « Il faudrait aussi, conclut-elle, que des tests audiométriques soient systématiquement entrepris dans les conservatoires, au moins à l'entrée puis à l'issue des études ».
(1) Les principaux résultats de cette étude viennent d'être publiés dans la revue spécialisée « Médecine des Arts ».
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