Courrier des lecteurs

Les génériques vus par un vieillard qui voit mal

Publié le 30/03/2015
Article réservé aux abonnés

Dale Carnegie a écrit dans son livre « Comment se faire des amis », best-seller depuis les années trente : « ne critiquez jamais ». C’est un conseil très difficile à suivre, mais il est fondamental !

En revanche il n’est pas interdit de faire des suggestions.

Ne devrait-on pas se pencher davantage sur la question des génériques avec les yeux, non de Chimène mais du vieillard qui voit mal et dont la mémoire a beaucoup faibli ?

Une fois qu’il a sorti le comprimé de sa boîte et de son blister il est absolument perdu devant le comprimé qu’il tient en main s’il oublie qu’il doit l’avaler immédiatement !

Or il est la principale cible de cette situation très désagréable :

- d’une part il prend beaucoup de pilules, très vraisemblablement plus que tout autre malade,

- d’autre part il ne voit pas bien.

Il est donc le plus à risque d’accident iatrogènes !

Qu’est-ce qui lui est proposé pour un seul médicament générique ? :

- des boîtes de couleurs différentes,

- des pilules de formes, de couleurs et de taille différentes.

Pour peu qu’il change de pharmacie, comme en général ce n’est pas lui qui va chercher ses médicaments mais une auxiliaire de vie ou une femme de ménage, cette éventualité sera fréquente, il ne pourra que très rarement avaler une pilule analogue à celle qu’il prenait la semaine ou le mois précédent ! d’où un risque maximum de confusion et d’excès ou d’insuffisance de médicaments !

Serait-il impossible que le ministère suggère aux laboratoires génériqueurs de choisir de coordonner suffisamment l’aspect de leurs médicaments pour réduire ce risque de confusion par exemple en imprimant un chiffre bien visible et caractéristique du dosage le plus habituel du médicament (ex. losartan 50) sur chacun des comprimés de médicaments génériques ?

Le taux des accidents iatrogènes aurait alors de grandes chances de chuter notablement.

Je reconnais qu’il y a déjà en France un excès de réglementation et que les laboratoires génériqueurs ont déjà fort à faire pour respecter la foret de règlements actuels. Mais comme toutes les industries françaises, ils ont intérêt à ce que le budget de la France soit équilibré et ils sont plus que les autres impliqués dans la santé des Français.

Cependant, étant donné ce que je vois, alors que je suis médecin avec une vue de mon âge et que je prends le maximum de précaution pour ne pas faire d’erreurs, je me dis que pour un malade lambda, il n’y a presque aucun moyen d’éviter de se tromper !

Dr Jean Belaisch

Source : Le Quotidien du Médecin: 9399