Les génériques ne représentent que 2 % des médicaments remboursables

Publié le 30/01/2001
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M ALGRE le droit de substitution accordé aux pharmaciens en septembre 1999 - et qui leur permet de remplacer un médicaments princeps prescrit par un médecin par un générique -, l'ensemble des médicaments génériques présentés au remboursement ne représente que 2 % du marché des spécialités remboursables, indique une étude de la CNAM portant 1999 et sur les sept premiers mois de l'an 2 000. Si l'on prend pour référence non plus le marché global des médicaments remboursables mais seulement le marché des médicaments pour lesquels existent des copies, les génériques représentent 23 % seulement du total.

La CNAM qui rappelle que le développement des génériques est un enjeu majeur pour elle puisqu'elle en attend une économie de 2,5 milliards par an, de nature à « enrayer la croissance forte » de ce poste de dépenses (environ 12 % en 2000), reconnaît que l'utilisation de ces produits est « encore faible ». Dix fois moins importante, ajoute-t-elle, qu'en Allemagne.
Plus inquiétant peut-être encore pour les responsables de l'assurance-maladie : le développement de l'utilisation de générique se fait très lentement, de manière « encore modeste ». Et ce, malgré le développement du droit de substitution et la publication, le 29 août 1999, d'une deuxième liste de 101 produits génériques venus s'ajouter à la première liste de 473 médicaments. Les nouveaux génériques sont d'ailleurs encore moins utilisés que les premiers même si l'écart entre les deux listes diminue. « Les nouveaux génériques, note l'étude de la CNAM, se diffusent lentement sur le marché, les comportements délivrance se modifiant progressivement. »

Des particularités

L'étude de la CNAM souligne, également quelques particularités en ce qui concerne l'utilisation des génériques. La première concerne la prescription saisonnière de ces produits : « Le taux de génériques n'est pas le même au fil des mois : il décroît de mars à août et remonte en fin d'année. » Cette tendance observée en 1999 s'est confirmée durant les premiers mois de l'an 2000. La CNAM avance une explication à ces variations saisonnières : les médicaments relatifs aux maladies estivales (souvent aiguës) ne sont sans doute pas autant copiés que ceux concernant les pathologies hivernales (souvent chroniques).
L'étude de la CNAM précise, par ailleurs, le profil des prescripteurs de génériques. Ce sont, indiquent les auteurs, « un peu plus fréquemment des généralistes, des praticiens du secteur 1 et des médecins référents ». Ils sont, ajoutent-ils, « dans l'ensemble plutôt jeunes et ce sont plus couramment des hommes que des femmes ».
C'est ainsi que la fréquence de délivrance d'un générique est 50 % plus élevée lorsque le médecin est un référent que lorsqu'il ne l'est pas, ce qui n'est pas une surprise dans la mesure où les généralistes référents s'engagent à ce qu'au moins 5 % de la valeur de leurs prescriptions soient des génériques.
L'enquête de la CNAM confirme que les responsables de l'assurance-maladie - tout comme d'ailleurs les laboratoires qui se sont lancés dans le marché des copies - ne doivent pas attendre, dans l'immédiat, de résultats miracles de la politique des génériques.

Trente médicaments à l'origine de 40 % de la hausse des dépenses

U NE trentaine de produits à forte croissance, qu'il s'agisse de produits récemment mis sur le marché ou de produits anciens, explique pour 40 % la hausse des remboursements de médicaments constatée entre le premier semestre 1999 et le premier semestre 2000 (12,4 %), indique l'étude que vient de publier la CNAM.

Parmi les produits à forte croissance, la CNAM estime que les médicaments mis sur le marché il y a moins d'un an expliquent 15 % de la hausse.
« Le cas le plus spectaculaire, affirme-t-elle, est celui du Plavix (médicament cardiaque, antiagrégant plaquettaire) qui occupe dès la fin de sa première année de lancement le 17e rang. »
« En sachant qu'un produit nouveau met environ trois ans à atteindre sa vitesse de croisière, l'impact de produits nouveaux, estime l'étude, est d'environ 50 %. » Mais des produits relativement anciens peuvent aussi être à l'origine de la hausse des dépenses, souligne la CNAM qui cite le cas de l'oméprazole (38 % de croissance entre 1999 et 2000 pour le Mopral et le Zoltum).
L'augmentation de la prise en charge à 100 % des médicaments ne jouent qu'un rôle mineur dans la hausse des remboursements, affirme la CNAM qui évalue à son impact à 1 % (sur une hausse totale de 12,4 %).
L'enquête de l'assurance-maladie confirme également la très forte concentration de remboursements : sur 2 230 produits, 200 (soit 9 %) sont à l'origine des deux tiers des remboursements. Un pourcentage qui n'a pas varié par rapport à la première étude de la CNAM sur les dépenses de médicaments (« le Quotidien » du 15 septembre 2000). Quelques classes thérapeutiques représentent 80 % des dépenses (les médicaments concernant le système cardio-vasculaire, et notamment les produits anticholestérol, représentent 27 % des remboursements et les médicaments visant le système nerveux central 17 %.
Enfin, en ce qui concerne la répartition des prescripteurs, les médicaments prescrits à l'hôpital (ou par des prescripteurs non libéraux), mais délivrés dans des pharmacies de ville a progressé d'un pour cent en un an.

Bruno KELLER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6846