Prévalence de la BPCO

Les femmes sur le point de rejoindre les hommes

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Publié le 05/03/2018
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Crédit photo : PHANIE

Le plus souvent, on imagine qu'un patient souffrant de BPCO est un homme, gros fumeur, d'âge mûr. Certains évoquent l'image du « cow-boy » d'une marque de cigarettes, personnage emblématique du malade à risque, auquel il est encore fait référence dans les cours de médecine.

Or, ce stéréotype ne colle pas totalement à la réalité… ce qui explique que la maladie - déjà sous-diagnostiquée de manière générale - l'est encore plus chez les femmes. « On ne peut plus dire que la BPCO est une maladie masculine puisque sa fréquence chez la femme rejoint désormais celle de l'homme : 40 % des personnes souffrant de la BPCO sont des patientes », précise le Pr Nicolas Roche, pneumologue à l'Hôpital Cochin et spécialiste de la BPCO. « Le nombre de femmes atteintes de BPCO augmente de manière constante de 1,7 % par an depuis la fin des années 1970 », ajoute le Pr Chantal Raherison, pneumologue au CHU de Bordeaux et épidémiologiste.

Facteurs de risque

Outre cette augmentation significative du nombre de femmes atteintes, les études sur la prévalence de la BPCO font état d'une évolution plus rapide chez les femmes que chez les hommes, ainsi que d'une mortalité plus élevée. Les facteurs de risque sont aujourd'hui clairement identifiés : le tabac est en tête, puisque 80 % des patients sont - ou ont été - fumeurs. Cependant, si la BPCO est essentiellement liée au tabac pour les deux sexes, les femmes ont une susceptibilité supérieure à ce toxique. Chez les jeunes filles fumeuses, on observe un ralentissement pulmonaire dès 5 cigarettes par jour. Autres situations problématiques : l'aérocontamination domestique (fumées de charbon ou bois) dans les pays en voie de développement, les expositions professionnelles (produits de nettoyage ménagers par exemple), ou encore l'environnement socio-économique. On observe en effet un lien entre la maladie et le niveau socio-professionnel, la BPCO touchant davantage les populations les plus précaires.

Rôle du médecin

Si les clichés ont la vie dure, ils conduisent surtout au sous-doagnostic. Quand une femme tousse et se dit essouflée, l'asthme est souvent évoqué en premier lieu, au détriment de la BPCO. Or, plus celle-ci est détectée précocément, plus il est possible de « limiter les dégâts ». Le rôle des généralistes est essentiel pour repérer la pathologie, et mettre en place l'accompagnement thérapeutique nécessaire : orientation vers les spécialistes, sevrage tabagique, conseils de bon sens - comme l'importance d'avoir une activité physique régulière -, prise en charge des commorbidités.

En France, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) concerne 6 à 8 % de la population adulte de plus de 40 ans, soit 2,5 à 3 millions de personnes. La maladie est responsable de près de 18 000 décès par an, soit 5 fois plus que le nombre d'accidentés de la route.

Anne-Lucie Acar

Source : Le Quotidien du médecin: 9645