LES ÉTUDIANTS qui ont manifesté à Paris sont repartis un peu déçus, mercredi soir. Non que le défilé ait manqué d'animation. Ils étaient 3 000 à 4 000 externes en blouse blanche à crier tout leur soûl contre la répartition des postes d'internat et à réclamer « l'amphi de garnison ». Mais ils ont regretté que Philippe Douste-Blazy ne soit pas présent, Avenue de Ségur, pour recevoir en personne la délégation de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) à l'origine du rassemblement. Ils étaient déçus, surtout, de n'avoir pas réussi à faire plier le ministre de la Santé sur l'ouverture des postes d'internat. La moitié des 4 800 places offertes aux candidats des prochaines épreuves classantes nationales (ECN) sont réservées à la médecine générale. Une proportion jugée « catastrophique » par des étudiants qui souhaitent dans leur grande majorité s'orienter vers une autre spécialité. « Le problème, c'est que nous sommes très peu à être confrontés à l'exercice de la médecine générale avant de passer les ECN et de choisir sa spécialité », confiait une Lilloise pendant la manifestation.
Souhaitant résoudre le problème de l'attractivité de la médecine générale, l'Anemf réclame l'organisation d'un stage chez le praticien dès le deuxième cycle des études médicales dans toutes les facultés de France. Un groupe de travail a été mis en place par le ministère de l'Education nationale afin d'évaluer cette possibilité. Il devrait rendre ses conclusions avant la fin de l'année universitaire. Dans l'entourage de François Fillon, on confie que « ce stage en 2e cycle n'est pas seulement une question de financement mais plutôt de ressources humaines ». En clair, les maîtres de stage ne seraient pas assez nombreux pour répondre à la demande.
Lors d'un déplacement à Roubaix, le ministre de la Santé a déclaré aux étudiants qu'il souhaitait revaloriser la médecine générale. Il s'est dit prêt à mettre en place ce stage très rapidement après concertation avec le ministère de l'Education nationale.
L'Anemf a demandé que les modalités de redoublement soient clairement établies. Dans certaines facultés, les étudiants insatisfaits de leur classement aux ECN parviennent à faire invalider leur 2e cycle. Ils peuvent ainsi repasser les épreuves l'année suivante. Dans d'autres villes, la validation du 2e cycle a lieu avant la publication des résultats des ECN afin d'éviter toute invalidation. Ces différences de traitement sont vécues comme une injustice et la Conférence des doyens devrait se pencher sur ce dossier.
L'amphi de garnison maintenu.
Seule avancée, mais non des moindres : les étudiants sont parvenus à « sauver » l'amphithéâtre de garnison. Ils devraient pouvoir choisir, comme l'année dernière, leur spécialité d'internat en amphithéâtre. Quoique coûteuse, la procédure présente un avantage indéniable. Elle permet aux candidats de connaître au moment de leur choix l'intégralité des postes disponibles.
Guillaume Muller, président de l'Anemf, relève que « les discussions avancent doucement mais sûrement ». Pourtant, l'association des étudiants ne s'en satisfait pas. Elle a décidé en assemblée générale de poursuivre « l'épreuve de force » et parle aujourd'hui d'exil. « Face à l'impossibilité de se former correctement et d'avoir des certitudes sur leur avenir, les étudiants en médecine ont décidé symboliquement de se désinscrire des facultés médicales et de poursuivre leurs études à l'étranger », indique l'association. Une menace que les carabins souhaiteraient, à n'en pas douter, ne jamais mettre à exécution.
Des Parisiens aux aguets
L'Amicale médecine Paris Cordeliers (Ampc), association représentative des étudiants de la faculté René-Descartes Paris 5, issue de la fusion de Broussais, Cochin et Necker, se dit « attentive aux nombreux dangers qui se profilent pour les études médicales ». Elle demande le maintien intégral du statut dérogatoire des facultés de médecine, mis à mal par la gouvernance des hôpitaux. L'autonomie des facultés lui semble essentielle pour l'élaboration des programmes pédagogiques des deuxième et troisième cycles, la négociation et la signature des conventions hospitalo-universitaires constituant le CHU et la gestion des emplois hospitalo-universitaires. L'Ampc se montre également vigilante sur la mise en place d'un LMD (licence, master, doctorat) médecine. Elle s'oppose catégoriquement à la suppression du caractère national des épreuves classantes nationales (ECN) et à toute réforme visant à régionaliser cet examen.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature