Etudes
Il existe très peu d’études sur la glycémie postprandiale – et il est difficile de les comparer car les repas concernés ne sont pas standardisés. En revanche, il y a beaucoup d’études sur la glycémie postcharge en glucose (75 g per os).
Liens
Les liens entre la glycémie postprandiale et la glycémie postcharge.
Une étude faite à Toronto montre que la glycémie (et l’insulinémie) postprandiale est bien liée à la glycémie postcharge, avec une corrélation presque parfaite. En revanche, dans cette étude, le taux de la glycémie (et de l’insulinémie) pendant les deux heures suivant les tests – soit le repas, soit la glycémie per os – était plus bas après le repas, mais l’apport en glucose du repas n’était par le même que celui des 75 g per os. En tous cas, une extrapolation de ces résultats doit être faite avec prudence.
Complications
La glycémie postcharge et les complications du diabète.
La glycémie postcharge paraît être un facteur plus important que la glycémie à jeun pour prédire le décès coronaire ou cardio-vasculaire. Une des premières analyses provient de l’étude prospective parisienne, menée chez les policiers de Paris, recrutés pour cette étude entre 1967 et 1970 et suivis pendant vingt-trois ans. Ses résultats ont été confirmés par d’autres études, notamment l’étude DECODE, métaanalyse des études épidémiologiques en Europe. En ce qui concerne les complications microvasculaires du diabète, une seule étude, conduite chez les Indiens Pimas aux Etats-Unis, a montré un risque égal de rétinopathie entre des sujets ayant une glycémie à jeun pathologique (≥ 7,8 mmol/l, 140 mg/dl) et des sujets ayant une glycémie élevée, deux heures après une charge en glucose, et relevant aussi d’un diagnostic de diabète ( 11,1 mmol/l, 200 mg/dl). Cependant, toutes ces études ont été pratiquées chez des sujets non diagnostiqués comme diabétiques, des études épidémiologiques de même ampleur chez les sujets diabétiques étant rares.
A l’inverse, selon l‘étude anglaise UKPDS, ce sont principalement les maladies microvasculaires qui augmentent en fréquence avec l’élévation de l’HbA1c, alors qu’il existe un lien moins fort pour les atteintes macrovasculaires.
La preuve la plus solide pour étudier les facteurs de risque vient des essais cliniques randomisés. L’UKPDS, à nouveau, a montré qu’avec un contrôle de la glycémie plus intensif les maladies micro- et macrovasculaires étaient moins fréquentes mais, pour ces dernières, les résultats étaient à la limite de la signification. Cette étude ne fournit toutefois pas d’élément sur la glycémie postprandiale. L’essai clinique de STOP-NIDDM a utilisé l’acarbose comme médicament, pour prévenir le diabète, chez les sujets ayant une intolérance au glucose. Le traitement par ce médicament ayant principalement des effets postprandiaux était associé à une diminution de l’incidence du diabète par comparaison avec le groupe placebo ; ce résultat pourrait indiquer que l’effet sur la glycémie postprandiale (et peut-être sur les lipides postprandiaux) a été bénéfique. L’effet sur les maladies cardio-vasculaires dans STOP-NIDDM, pourtant statistiquement significatif, a été moins convaincant du fait des effectifs trop faibles et du petit nombre d’événements concernés par cette étude. L’étude PROACTIVE a porté sur l’utilisation de la pioglitazone, médicament augmentant la sensibilité à l’insuline. Son utilisation semble avoir un impact sur la survenue des maladies cardio-vasculaires (significatif ou non selon les critères de jugement) et en parallèle sur la baisse de l’HbA1 – bien qu’il soit difficile de savoir si cet effet est dû à la baisse de la glycémie ou à d’autres causes et si les effets postprandiaux sont plus importants que ceux à jeun.
En conclusion
Il ne fait aucun doute que la glycémie est liée aux maladies cardio-vasculaires, mais un effet causal est loin d’être démontré : la baisse de la glycémie dans les essais cliniques n’a pas eu un effet très important, et pas toujours significatif. De plus, on ne sait pas de façon sûre si c’est la glycémie postprandiale qui est en cause.
Pour avoir la preuve de l’effet de la glycémie postprandiale chez les sujets diabétiques, d’autres études sur la glycémie sont nécessaires – et peut-être sur les lipides – et ce tout au long de la journée, avec une étude prospective observationnelle pour suivre la survenue de complications diabétiques et la longévité des sujets diabétiques.
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