POUR LA PREMIÈRE fois, la population carcérale a été consultée et les détenus ont pu faire connaître leurs revendications, sous pli fermé. Environ 15 000 des 60 000 femmes et hommes incarcérés ont répondu au questionnaire* qui leur était soumis. Les avocats, magistrats, familles et surveillants invités à s’exprimer sur Internet sont restés discrets ou indifférents, avec une participation de 1 %.
Les conditions de vie sont le principal sujet d’insatisfaction des prisonniers (82 %). Il «ne s’agit en aucun cas de réclamer un plus grand confort mais des conditions matérielles élémentaires», indique l’institut BVA. Ils mettent ainsi en tête «l’hygiène et la propreté», «le besoin d’un minimum d’intimité» et «la proximité avec la famille».
Les trois quarts (78 %) se disent en outre «insatisfaits du respect des droits fondamentaux», certains évoquant un «manque de respect» des surveillants. Lors de placements en quartier disciplinaire ou d’interventions de sécurité, sept sur dix demandent qu’à une sanction ne soit pas ajouté un retrait de réduction de peine. Et une écrasante majorité dénonce la fouille corporelle intégrale.
Contre cet «arbitraire», un détenu sur deux se déclare favorable à la mise en place d’un organe de contrôle extérieur et indépendant, comme cela va se faire dès 2007. C’est le médiateur de la République qui en assurera la fonction, vient de faire savoir le ministre de la Justice (entouré de contrôleurs, il pourra intervenir dans l’ensemble des prisons et formuler des recommandations sur les conditions de vie en détention, l’hygiène ou encore les comportements des cadres et des surveillants).
Pour leur part, surveillants et magistrats mettent l’accent sur l’accès aux soins psychiatriques et rejoignent les détenus pour juger la préparation à la sortie «insuffisante», 55 % de ces derniers en faisant une action prioritaire. Enfin, deux personnes incarcérées sur trois estiment que les alternatives à l’emprisonnement ne sont pas assez développées, de 70 à 75 % souhaitant la limitation des détentions provisoires, plus de recours au contrôle judiciaire et l’aménagement systématique des peines.
Les résultats de la consultation doivent servir de base de réflexion aux états généraux de la condition pénitentiaire qui se dérouleront le 14 novembre à Paris. Des « cahiers de doléance » seront rédigés et remis aux candidats à l’élection présidentielle.
* Questionnaire mis au point, entre autres, par l’Observatoire international des prisons, Emmaüs et la Croix-Rouge.
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