Livres
U N rien les fait réagir, et c'est tant mieux.
Chef de file des auteurs à la plume sensible et réactive, Philippe Delerm nous avait réjouis avec sa « Première gorgée -de bière et autres plaisirs minuscules » qui célébrait en de courts textes des moments heureux de la vie ; et séduit, puisque près de 840 000 adeptes ont acheté son livre.
S'il use de la même formule de petits textes pour évoquer de petites choses dans son nouveau livre « la Sieste assassinée » (Gallimard, 112 p., 78 F), il a abandonné le registre du plaisir pour s'attacher aux contrariétés de la vie courante, à ces petits riens désagréables qui assombrissent soudainement l'humeur ; c'est une sieste interrompue par l'arrivée inopinée de visiteurs, le miroir du coiffeur qui fait prendre la mesure du désastre, la pluie sur Roland-Garros, la roulette du dentiste...
Par contre, si les textes d' « Intérieur » (Les Flohic éditeurs, 90 p., 98 F) sont courts, c'est parce qu'ils répondent au propos de la collection qui consiste, pour des écrivains, à « commenter » des oeuvres d'art. Le choix de Philippe Delerm s'est porté sur le peintre danois Vilhelm Hammershoi (1864-1916), ses tableaux d'intérieurs désolés ou habités par des hommes et des femmes qui semblent murés dans leur propre intériorité. Sa « lecture » de ces lieux et de ces scènes intimes est d'une grande sobriété qui n'exclut pas la richesse.
Vient encore de paraître, dudit Delerm, « C'est toujours bien ! » (éditions Milan, 112 p., 26 F), un recueil de petits riens encore, de moments rares à savourer en toute quiétude, à l'intention des adolescents à partir de 13 ans ; tandis qu'on réédite « C'est bien ! » (éditions Milan, 96 p., 24 F), qu'il avait écrit avant son grand succès de « la Première gorgée de bière », et qui était déjà un recueil d'instantanés, de ces petits moments sans importance mais qui font tellement de bien.
Un tel engouement pour la concision ne pouvait laisser indifférents auteurs et éditeurs.
On remarque cependant que des écrivains comme Serge Joncour ou Claude Pujade-Renaud qui ont emprunté cette voie étroite mais royale (« la Sieste assassinée » a été tirée d'office à 100 000 exemplaires) se sont placés d'office du côté de l'agacement et du déplaisir. Le premier, dans « Situations délicates » (Flammarion, 160 p., 89 F), mêle moments cocasses, poétiques, sarcastiques en trente-sept petites scènes où la gêne remplace le plaisir : un peintre ami qui utilise cette amitié pour vous faire acheter une toile, la difficulté de commander un café devant un comptoir inaccessible, les méfaits du téléphone portable à l'heure du déjeuner...
« Au lecteur précoce », du second (éditions Actes Sud, 180 p., 99 F) dévide quatorze scènes d'un quotidien doux-amer, où la quiétude est gâchée par des malentendus ou des rendez-vous manqués. Claude Pujade-Renaud - à qui l'on doit la fable philosophique « Platon était malade » - s'intéresse surtout aux mots, amis ou ennemis, selon qu'ils ont la même signification ou non pour tout le monde.
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