L 'EQUIPE d'Evan Balaban (San Diego) s'est, depuis le début des années quatre-vingt, spécialisée dans l'analyse des régions cérébrales impliquées dans le comportement chez l'oiseau. L'approche éthologique du neurobiologiste américain a été renforcée par un stage postdoctoral au sein du laboratoire du Pr Nicole Le Douarin (Nogent-sur-Marne). En 1988, avec Marie-Aimée Teillet et Nicole Le Douarin, il a publié dans « Sciences » un travail montrant qu'il est possible d'induire un chant hormono-induit de la caille chez le poulet par transfert de diencéphale in ovo. Dans un nouveau travail, publié par les « Proceedings of the National Academy of Sciences », Evan Balaban s'est intéressé à la transmission de l'héritage d'un comportement complexe de la caille au poulet.
L'instinct
On sait que le petit poussin, dès la sortie de sa coquille, est capable de reconnaître le cri de sa mère et ne la confond absolument pas avec celui d'une mère caille. Il en est de même pour l'espèces opposée. C'est ce que le commun des mortels appelle l'« instinct ».
Evan Balaban a montré que des poussins qui avaient reçu une greffe de région télencéphalique de caille « préféraient s'orienter vers une maman caille que vers une mère poule » au sortir de l'œuf. Il est troublant de constater que la région transplantée n'est pas connue pour être un relais auditif. Ainsi, l'oiseau pourrait posséder de véritables centres gnosiques auditifs, signe que cette espèce n'est pas si archaïque que l'on pensait. Cet important travail mérite d'être poursuivi afin de cerner plus précisément les réseaux neuronaux impliqués dans ce comportement.
Une telle approche a déjà eu lieu en France. Ainsi, Nicolas Guy et coll. avaient montré, en 1997, qu'une forme d'épilepsie de l'oiseau peut être transmise par greffe du mésencéphale.
La technique des chimères cailles-poulets, inventée en 1969 par Nicole Le Douarin, est basée sur le caractère distinctif de l'hétérochromatine des noyaux cellulaires de caille et de poulet.
Une approche largement développée
Ce procédé permet un marquage cellulaire stable qui assure la possibilité de réaliser des études de suivi des greffes de régions embryonnaires. Largement développée en France, cette approche a connu un réel succès dans l'ensemble de la communauté scientifique et est largement utilisée dans les instituts de biologie du développement. A l'heure actuelle, il est possible de coupler immuno-histochimie et hybridation in situ pour étudier les capacités d'expression génique et le patron d'expression protéique des cellules transplantées. Ainsi, les chimères cailles-poulets permettent de déchiffrer les mécanismes intimes de la régulation du développement. La longévité de cette technique montre son importance aux yeux de la communauté scientifique.
« Proc Natl Acad Sci USA » du 24 avril 2001.
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