Asthme sévère

Les biothérapies, de nouvelles armes

Publié le 17/12/2015
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L’allergie étant le facteur favorisant le plus anciennement connu, la première thérapie ciblée de l’asthme a été un anti-IgE, l’omalizumab (Xolair), agréé depuis 10 ans dans les asthmes sévères allergiques avec succès.

D’autres biothérapies sont aujourd’hui en développement, notamment les anticorps monoclonaux anti-IL5. La croissance, la différentiation, l’activation et la survie des éosinophiles sont très dépendantes d’une cytokine Th2, l’IL5 est donc une cible clé pour des candidats médicaments de l’asthme hyperéosinophilique.

Anti-IL5

Le mépolizumab a ainsi été étudié chez des asthmatiques sévères hyperéosinophiliques, d’abord en administration intraveineuse, puis récemment en sous-cutanée (étude MENSA). Les résultats ont montré une réduction significative du nombre d’exacerbations, une amélioration du VEMS et de la qualité de vie ainsi qu’une réduction de l’utilisation des corticoïdes.

Un autre anticorps monoclonal anti-IL5 a également été étudié, le reslizumab. De la même façon, ce traitement s’est montré efficace, par rapport au placebo, sur la fonction pulmonaire et le contrôle de l’asthme, chez des patients asthmatiques hyperéosinophiliques.

Le benralizumab, aussi à l’étude, est un anticorps monoclonal légèrement différent, puisqu’il est dirigé contre le récepteur de l’IL-5.

Anti-IL13 et remodelage

Le lebrikizumab est un anticorps anti-IL13. Les données de phase IIb montrent une réduction du taux de crises d’asthme et une amélioration de la fonction pulmonaire chez des patients atteints d’asthme sévère non contrôlé. Il apparaît plus efficace chez un sous-groupe de patients présentant des concentrations élevées de périostine (protéine de matrice produite par les cellules épithéliales bronchiques, marqueuse de remodelage).

Le trackolizumab est aussi en cours de développement. Des inhibiteurs à la fois anti-IL13 anti-IL4R (dupilumab…) sont eux aussi en essai.

Autres pistes : anti-IL8, anti-TSLP

Mais 30-40 % des formes d’asthmes sévères ne sont pas hyperéosinophiliques.

Un inhibiteur des récepteurs à l’IL8, cytokine qui recrute les neutrophiles, a montré une certaine activité mais néanmoins limitée dans l’asthme sévère non -éosinophilique.

En phase bien plus préliminaire de développement, un anti-TSLP (Thymic Stromal LymphoPoietin) – TSLP est un médiateur issu des cellules épithéliales bronchiques – est capable de diminuer la réaction bronchique provoquée par un contact allergénique. Ces médicaments pourraient modifier l’histoire naturelle de l’asthme sévère.

Un antihypertenseur, le gallopamil à l’étude

Un antihypertenseur et anti-angineux utilisé dans les pathologies cardiaques, le gallopamil, réduirait l’épaisseur du muscle lisse bronchique (MLB) impliqué dans l’asthme sévère en inhibant la prolifération des cellules musculaires lisses, selon une étude monocentrique réalisée au CHU de Bordeaux par Patrick Berger, directeur de l’équipe INSERM « Remodelage bronchique » et ses collègues. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue « American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine ».

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin: 9459