Inauguré en 2010, le jardin thérapeutique « art, mémoire et vie » du CHU de Nancy est un modèle du genre. D’une superficie de 3 800 m2, cet espace spécialement aménagé pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer se divise en quatre carrés incarnant autant d’ambiance différentes : la terre, le feu, le vent et l’eau.
Dans ce lieu parsemé d’harmonieuses plantations, de vitraux, de sculptures et autres édifices conçus avec des matériaux soigneusement choisis, tout est pensé pour stimuler les sens et émotions des malades. « Notre conception du jardin s’appuie sur un cahier des charges qui intègre les symptômes neuropsychologiques de la maladie, les troubles psycho-comportementaux, les activités thérapeutiques recommandées pendant les soins à ces patients », explique le Dr Thérèse Jonveaux, chef de service soins de suite réadaptation gériatrique, unité cognitivo comportementale, unité de soins Palliatifs, équipe mobile de soins palliatifs au CHU de Nancy. Le lieu est bien sûr clos et sécurisé, sans toutefois donner l’impression d’enfermement. Le jardin est ainsi entouré de trois pavillons de l’hôpital agencés en « U » avec à l’horizon, la rue et la vie citadine derrière le portail qui clôture l’espace. « Notre principe, c’est que le jardin soit aussi un facteur d’autonomie pour le patient qui doit pouvoir s’y rendre facilement, seul à tout moment de la journée », insiste le Dr Jonveaux.
Bénéfices palpables
Et les effets sont visibles sur les patients dont les troubles du comportement diminuent, avec notamment moins d’agitation, d’agressivité, de déambulation, de troubles du sommeil ou de l’appétit, évoque le médecin. Un bénéfice pour les malades, les familles et les équipes soignantes. En faisant sortir les malades de l’intérieur perturbant de l’hôpital vers l’environnement familier d’un jardin, « on leur redonne des repères, on favorise la résurgence des connaissances sémantiques et de la mémoire procédurale », ajoute-t-elle. Le jardin est aussi un médiateur de relations sociales. « Les patients s’y donnent rendez-vous pour s’y promener ensembles, s’asseoir pour contempler le paysage, rester à bavarder. Leurs familles viennent aussi plus souvent et plus longtemps avec des enfants », remarque le Dr Jonveaux. Des ateliers transgénérationnels (incluant les familles) et inter-générationnels (avec des rencontres d’élèves d’écoles voisines, des manifestations culturelles et artistiques) facilitent ce travail de communication essentiel chez le malade Alzheimer. Le jardin est également le théâtre de nombreux autres ateliers thérapeutiques mis en place par l’équipe soignante qui l’utilise comme un lieu de médiation.
Formations au CHU
Depuis la création de ce jardin, l’équipe du Dr Jonveaux a intégré au projet un volet recherche pour évaluer les orientations choisies. Dans le cadre du programme JAZ (Jardin Alzheimer), trois travaux de thèse se penchent actuellement sur l’agencement topographique du jardin, la validation de sa dimension artistique et son apport dans la prévention du burn-out des soignants. Depuis le troisième plan Alzheimer, les recommandations sur les nouvelles unités spécialisées intègrent la création de jardins thérapeutiques dans les cahiers des charges. Pour aider à l’émergence de nouveaux projets de ce type, le CHU de Nancy propose des sessions de formation pour les professionnels. « À ce jour, on n’a pas encore de vision globale du nombre de jardins thérapeutiques implantés sur le territoire. C’est la raison pour laquelle on veut créer un observatoire. Notre projet c’est même de l’étendre au niveau européen pour voir ce quI se fait ailleurs », conclut le Dr Jonveaux.
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