Le système de santé français à la loupe critique du « New England »

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Publié le 05/02/2016

La prestigieuse revue américaine « The New England Journal of Medicine » consacre un article complet au système de santé français, daté du 4 février.

Monika Steffen, chercheuse au CNRS, spécialistes des politiques de santé, y souligne que « la France est connue pour la qualité et la générosité de son système de santé, classé premier par l'OMS en 2000. L'Assurance-maladie couvre toute la population et toutes les dépenses pour les maladies sévères ou chroniques, les médecins peuvent choisir le traitement le mieux adapté à leurs patients, même très coûteux. »

Indépendance des médecins, dépenses élevées, déficits...

Le système de santé français, insiste le NEJM, est régi par la notion de service public, basée sur plusieurs principes : égalité de traitement de tous les patients, déontologie de la profession médicale, indépendance des médecins, dévouement exclusif envers les besoins et intérêts de leurs patients. « Mais cela donne lieu à un usage très important du système de santé, et à des dépenses très élevées. »

Face au déficit chronique de l'Assurance-maladie et aux dettes des hôpitaux publics, « il faudrait une économie plus performante ou des changements structurels dans le financement du système de santé – des changements qu'aucun gouvernement n'a osé faire », tacle l'article.

Le NEJM met l'accent sur la dualité originale de l'offre de soins – publique et privée – dans l'Hexagone. Les soins sont ainsi dispensés par des hôpitaux, des cliniques, des établissements privés à but non lucratif et par le secteur ambulatoire. Côté payeurs, le système repose aussi sur deux jambes puisque « les assurances complémentaires sont devenues un outil politique important pour aider au financement de nouvelles politiques de santé », relève l'article.

Les hôpitaux, point d'entrée pour tous

Ce « patchwork » de la santé rend la coordination des soins plus difficile. Ainsi, relève l'article, les médecins libéraux, payés quasi exclusivement à l'acte, ont relativement peu d'incitations à s'engager dans la coordination des soins et le partage de données.

Parallèlement, l'existence d'un reste à charge parfois élevé pour le patient, l'obligation d'avancer les frais et la répartition inégale des soins ambulatoires sont des barrières à l'accès aux soins, peut-on lire. De ce fait, « les hôpitaux publics restent un point d'entrée pour tous, pour les plus pauvres, qui utilisent les urgences pour éviter les contraintes financières du secteur ambulatoire, et pour des consultations très spécialisées ».

Malgré les nombreuses réformes des dernières années (T2A, médecin traitant, incitation aux génériques, CMU, agences régionales de santé...), la situation du système ambulatoire reste le principal « défi non résolu », explique l'article. « Les petits hôpitaux ferment, la répartition des médecins entre ville et campagne a empiré, malgré les incitations à y ouvrir des maisons de santé », détaille le NEJM.

La France, ajoute la revue, fait face à un problème chronique de démographie médicale. Les deux tiers des étudiants en médecine sont désormais des femmes, et cette nouvelle génération ne semble pas vouloir s'installer dans des zones rurales.    

 


Source : lequotidiendumedecin.fr