A PRES avoir perdu deux élections provinciales depuis qu'il est au pouvoir, le parti d'extrême droite autrichien de Jorg Haider, le FPOe, a essuyé un revers spectaculaire aux élections municipales, en reculant de huit points.
Ce résultat ne semble pas compromettre la coalition dirigée par les conservateurs, même si les socialistes et les Verts retrouvent ou augmentent leur présence dans les conseils municipaux. La troisième défaite de Haider montre qu'il n'est pas invincible. Elle semble indiquer que son propre leadership est en question : M. Haider n'a pas atténué ses propos antisémites ou xénophobes, ni renoncé à ses évocations du glorieux passé nazi. Il a en outre joué un rôle très actif dans la campagne électorale. Une bonne fraction de ses électeurs auraient donc jugé qu'il en fait trop.
Un certain nombre d'observateurs politiques estiment que les Autrichiens ont tout simplement voté contre le gouvernement, dont quelques mesures récentes apparaissent comme impopulaires. Mais ce jugement serait plus crédible si le FPOe n'avait davantage souffert que les conservateurs.
On peut donc penser que beaucoup de facteurs ont joué dans le déclin de l'extrême droite qui représente tout de même un cinquième de l'électorat, taux encore très élevé pour un pays de l'ouest européen. D'abord, les erreurs de Haider, qui a eu l'occasion d'exprimer son irritation face à la tiédeur de ses alliés, par particulièrement fiers d'avoir inclus le FPOe dans la coalition ; ensuite le durcissement de son discours, lié probablement à la diminution de son audience ; enfin la très mauvaise réputation que les dirigeants de l'Union européenne font à l'Autriche depuis qu'elle a formé ce gouvernement de coalition très contesté.
L'Union, on s'en souvient, a pris des mesures contre l'Autriche ; les Autrichiens avaient accueilli avec colère ces dispositions qui ont été atténuées avec le temps et ont été levées sur la foi d'un rapport européen indiquant que la démocratie n'était pas menacée en Autriche. Le président Jacques Chirac a été et demeure encore aujourd'hui l'adversaire numéro du FPOe, ce qui lui a valu nombre de sarcasmes de Jorg Haider. Mais la campagne anti-Haider a porté ses fruits : le nazillon de Carinthie ne fait plus recette, ce qui montre que l'intolérance zéro à l'égard de l'extrême droite, où qu'elle soit, est payante. Les conservateurs autrichiens devraient déjà se poser des questions sur l'avenir de leur coalition avec le FPOe, dont l'affaiblissement doit leur permettre d'envisager un renversement d'alliances à l'occasion des prochaines élections nationales, ou même avant. D'autant que Haider va tenter de remonter la pente, exacerber les passions et devenir intolérable.
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