L E sulfate de glucosamine est un dérivé de la glucosamine aminosaccharide, un constituant naturel normal des glycosaminoglycans, qui sont des substances présentes au niveau de la matrice cartilagineuse et du liquide synovial. Dans l'esprit de la recherche d'un traitement permettant de retarder le processus arthrosique, voire, de l'inverser, un travail collaboratif entre des chercheurs italiens, belges et britanniques, a été entrepris à l'aide de ce produit.
Interligne articulaire : analyse digitalisée
Il s'agit d'une étude en double aveugle contre placebo chez des patients recrutés dans la clinique du « Bone and Cartilage Metabolism Research Unit » à l'université de Liège. Les critères d'inclusion étaient un âge de plus de 50 ans et une arthrose primitive du genou, localisée au niveau du compartiment fémoro-tibial. Le traitement a consisté en une prise orale quotidienne de 1 500 mg de sulfate de glucosamine ou bien un placebo, ce, pendant trois ans. Une radiographie en charge et en extension des deux genoux a été prise au moment de l'enrôlement, à un an et au terme des trois ans.
Une mesure précise de l'interligne articulaire, dans son ensemble et en son point le plus étroit, a été réalisée au moyen d'une analyse digitalisée de l'image radiographique, à l'il nu et avec une loupe. La symptomatologie a été évaluée à l'aide de l'index de l'arthrose WOMAC (Western Ontario and MacMaster Universities).
Les résultats montrent une progression du pincement de l'interligne articulaire chez les 106 patients sous placebo ; on note une rétrécissement de 0,31 mm après trois ans. Par contre, chez les 106 patients sous produit actif, il ne s'est produit aucune perte significative de l'espace articulaire (0,06 mm). Les mêmes résultats sont trouvés au niveau le plus étroit de l'interligne articulaire. Les analyses individuelles montrent un rétrécissement de l'interligne chez deux fois plus de patients sous placebo que chez ceux sous glucosamine sulfate.
Différents travaux ont évalué la perte de l'interligne articulaire dans l'arthrose. Des taux s'étageant entre 0,06 et 0,6 mm par an ont été rapportés ; l'étude de Framingham mentionne 0,1 mm par an.
Amélioration clinique
En termes cliniques, les valeurs de l'index de WOMAC correspondaient à des patients ayant à la base des symptômes de sévérité légère à modérée. Une amélioration de 20 à 25 % est rapportée chez ceux qui ont participé à l'étude jusqu'à la fin, versus une amélioration légère sous placebo. Le bénéfice a été confirmé par l'analyse en intention de traiter. On n'a pas observé de différences significatives concernant la sécurité ou les motifs d'arrêt du traitement dans les deux groupes.
Le mécanisme précis de l'action du sulfate de glucosamine n'est pas élucidé. On peut évoquer des effets sur le métabolisme du cartilage : stimulation d'activités anaérobiques telles que la synthèse des protéoglycans, et/ou diminution d'activités cataboliques (comme celles des métalloprotéases). On peut aussi penser à des actions extérieures au cartilage (inhibition de la génération des radicaux superoxydes ou de la synthèse du monoxyde d'azote).
« En dépit de ces observations, le sulfate de glucosamine demeure un composé dont le potentiel à influer sur la destruction du cartilage nécessite une solide élucidation », écrit un commentateur (Tim McAlindon, Boston), qui souligne néanmoins que les résultats lui apparaissent tout à fait intéressants.
« Lancet », vol. 357, 27 janvier 2001, pp. 251-256 et (commentaire) pp. 247-248.
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