Les cliniciens hospitaliers dans le collimateur des anesthésistes

Le SNPHAR dénonce la destruction du service public

Publié le 29/09/2009
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Crédit photo : S TOUBON

LE SYNDICAT national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR) a vu grand. Il a décidé de tirer un numéro spécial de son journal « PHAR » à 40 000 exemplaires. Le syndicat, qui revendique 40 % d’adhérents parmi les 7 000 anesthésistes de l’hospitalisation publique, a décidé de mener une grande campagne d’information pour sensibiliser ses confrères et les praticiens d’autres spécialités aux «  dangers  » que comporte selon lui la réforme du statut de praticien hospitalier. «  On nous noie sous les projets de décrets d’application de la loi HPST et on nous demande de faire des propositions de modifications qui ne sont pas retenues. Et pour cause, toutes les décisions sont déjà prises  », s’exaspère le Dr Michel Dru, président du SNPHAR.

Le syndicat entend toutefois continuer de combattre la mise en place du contrat de praticien clinicien. Ce contrat local, dont le concept est défendu dans le récent rapport Aboud permet l’embauche par le directeur d’un établissement de santé public de cliniciens bénéficiant d’une part de rémunération variable pouvant aller jusqu’à 50 % en plus du salaire au dernier échelon actuel. Au SNPHAR, la réforme du statut hospitalier est très mal vécue. «  Il s’agit d’une véritable attaque contre notre profession et notre couverture sociale, poursuit le Dr Dru. Il est ainsi prévu que la couverture maladie passe de trois à deux mois, que les indemnités diverses soient supprimées après un mois de congé maladie ou un mois de congé en CET (compte-épargne temps)  ». Le syndicaliste rejette la coexistence de deux types de médecins dans les «  hôpitaux publics privatisés de demain  » avec des «  médecins statutaires indépendants et des médecins contractuels soumis à des objectifs de rentabilité ».

Pour une prime de non-concurrence.

Les trop grands pouvoirs donnés aux directeurs d’établissements inquiètent également le SNPHAR. «  La procédure de mise en recherche d’affectation est largement réamorcée et comme la CME n’existe plus et que son président n’est plus là pour donner son avis, on imagine aisément ce qui va se passer dans de nombreux établissements  ». Selon le syndicat, si ces dispositions sont entérinées, elles rendront le secteur public moins attractif. Et ce même si le législateur prévoit d’interdire de soumettre les PH à une clause de non-concurrence. «  Les PH nommés depuis cinq ans auront interdiction d’exercer en libéral pendant une période de deux ans dans le même territoire  », s’insurge Michel Dru. «  La reconnaissance individuelle que veulent instaurer les pouvoirs publics va contre le sens de la société  », poursuit l’anesthésiste. Le SNPHAR réclame de «  vraies négociations  » et exige la création d’une «  prime de non-concurrence  » pour les PH qui choisissent de rester au sein de l’hôpital public.

Une dernière réunion de «  lissage  » de tous les textes d’application de la loi HPST est prévue à la DHOS le 14 octobre. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? «  Le contrat de clinicien praticien devait être mis en place en janvier  2010 dans les zones déficitaires en offre de soins, explique le Dr Nicole Smolski, vice-présidente du SNPHAR. Or, des contrats ont été déjà été signés à Marseille ».

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr