LA RUDESSE du climat n’est pas à fuir. Les Québécois, eux, le savent : les chocs thermiques peuvent être source de plaisir. Fin mars-début avril, quand le printemps bataille quotidiennement avec l’hiver et que le thermomètre fait le Yo-Yo entre le jour et la nuit au gré du gel et du dégel, les érables à sucre (dont la feuille rouge est l’emblème du Canada) produisent en quantité la sève qui, une fois bouillie et réduite, donnera leur savoureux sirop ambré. A la fin du mois de mars et début avril, comme chaque année, les habitants du Québec se donneront rendez-vous en forêt, autour des cabanes à sucre, pour déguster de la «tire d’érable». Les gourmands la préparent sur place : ils font couler un trait de sirop bouillant sur une planche recouverte de neige, puis enroulent ce ruban figé autour d’un bâtonnet à sucer.
Dans la région Chaudière-Appalaches, qui produit la moitié du sirop d’érable canadien, on cultive l’effet chaud-froid tout l’hiver, sans attendre « le Temps des sucres ». A 90 km de la ville de Québec, sur le site de l’ancienne station de ski Grande Coulée, l’Appalache Lodge offre bains et spas nordiques dans un écrin de nature, combinés à une palette d’activités de plein air. Après un passage au sauna et au bain de vapeur, une immersion – même instantanée – s’impose dans l’un des bassins extérieurs illuminés à la nuit tombée, qu’il soit glacé ou fumant et bouillonnant. Chaque cycle de ce parcours tonique se termine en musique et en douceur, enveloppé par la chaleur d’un poêle dans la salle de repos en rondins de bois, avec vue sur les sapins enneigés.
Raqettes et motoneige.
De retour dans le froid vivifiant et le silence de la forêt recouverte de son manteau blanc, il faut chausser des raquettes pour partir sur les traces d’une « ligne de trappe ». Le guide déniche les pièges astucieux conçus par le trappeur autorisé à chasser la faune du secteur : castors, ratons laveurs, lièvres, coyotes et autres canidés. Chaque collet ou piège métallique, placé dans le cours d’une rivière ou dissimulé par des branchages ou une boîte avec appât, porte la signature de l’expérience d’un homme qui connaît son territoire comme sa poche et a appris à saisir les comportements des animaux avant leur fourrure. Un monde de patience, de tranquillité et de paix, au rythme lent du crissement de la neige épaisse sous les raquettes.
Pour passer à la vitesse supérieure, il suffit d’enfourcher une motoneige, la « petite reine » du Québec, notamment en Chaudière-Appalaches, où pas moins de 2 800 km de sentiers lui sont réservés. Si vous y croisez un autre motard qui lève le poing, arrivé à votre hauteur, n’allez pas imaginer qu’il marmonne des «Tabarnac! Tabarnouche! Tabarouette! Taboire! Tabarnic!» (variation du fameux juron québécois tabernacle) à votre encontre derrière la visière de son casque. Dans le langage des signes local, le poing fermé signifie simplement que vous ne croiserez personne derrière lui et que vous pouvez à nouveau faire vrombir à votre guise la chenille de votre puissant engin.
Grisé par la vitesse, l’accélérateur pressé d’une main ferme, il n’y a plus qu’à se cramponner au guidon pour redresser les skis latéraux, qui chassent un peu sur la poudreuse. Défilent alors les troncs élancés des épinettes noires et des érables, aux branches alourdies par la neige et la glace, tandis qu’écureuils et chevreuils détalent au loin sur le chemin.
Le paysage des érablières offre un ballet géométrique au passage des motoneigistes, lorsque les lignes verticales des arbres se croisent à l’infini avec les tubes bleus horizontaux qui entaillent les écorces et collectent la précieuse sève des érables jusqu’à la cabane à sucre la plus proche.
Si, d’aventure, on a envie d’avaler autre chose que des sentiers sinueux, des routes, des ponts de bois et des pentes de ski, rien ne vaut une halte pour « dîner » (déjeuner) dans un relais de motards et de pilotes de quads. Là, engoncés dans leur combinaison grand froid qui leur donnent une allure de cosmonaute, les motoneigistes peuvent enfin se débarrasser de leur casque intégral et de leurs gants de cuir au vestiaire pour aller se régaler avec une bonne « poutine », le « must » des fast-foods québécois. Accompagnée d’une bière, la poutine est un copieux plat de frites recouvertes de cheddar fondu et d’une sauce brune. Elle se déguste aussi « à l’italienne » arrosée de sauce tomate.
Au rythme des attelages.
Beaucoup trouvent « écoeurant » (magnifique) de parcourir de 100 à 200 km à motoneige dans une même journée. Si, au contraire, la tête sonnée par le bruit du moteur, vous vous dites «J’ai mon voyage» (« j’en ai assez » en québécois), vous serez doublement conquis par la magie des randonnées traditionnelles en traîneau à chiens.
Au départ de la pourvoirie Daaquam, située dans un méandre de la rivière gelée du même nom (à 115 km de la ville de Québec), la longue balade de 16,5 km à la tombée de la nuit est un pur enchantement. Les attelages de sept huskies par traîneau sont préparés peu avant le coucher du soleil, dans un concert d’aboiements de chiens ravis de se dégourdir les pattes. Après un démarrage en trombe, du fait de leur trop-plein d’énergie, place au chuchotement de la glisse sur la piste balisée. Debout, en appui sur l’arrière des skis du traîneau, jouer le rôle du « musher » (conducteur) reste un moment de détente, à condition de s’agripper à la barre d’appui et de rester en contact avec celle du frein pour négocier les virages.
Au crépuscule, le convoi marque un premier arrêt à la frontière du Canada et des Etats-Unis, dans une ambiance de nuit américaine, dans tous les sens du terme. Là, au milieu d’une longue clairière bordée de conifères, impossible de résister à une brève incursion dans l’Etat du Maine sans remplir de formulaires.
Plus loin, l’écosystème et le paysage changent soudain du tout au tout. Les attelages traversent un décor féerique de toundra russe, sous un ciel gris éclairé par d’étranges « aurores boréales » – en fait de simples nuages sur lesquels se réfléchissent les lumières des villages alentour. Il est temps d’arrimer solidement les attelages afin de contempler, au clair de lune, les tourbières du haut d’un mirador. Depuis des siècles et des siècles, leur sol gorgé de mousse acide freine toute végétation et ne laisse pousser que des arbres nains. De retour sur la piste qui serpente dans la forêt du parc régional des Appalaches, les chiens accélèrent à l’approche de la pourvoirie et de leurs niches. Fin du rêve.
Pour partir
TRANSPORTS :
– Vols directs chaque mercredi sur Air Transat Paris-Roissy CDG/Québec, à partir de 559,23 euros TTC A/R. Vols quotidiens Air Transat Paris-CDG/Montréal à partir de 341,10 euros TTC A/R.
Renseignements : Air Transat : 0.825.120.248 et www.airtransat.fr
FORMALITÉS :
– Passeport valide jusqu’à six mois après la date de retour. Aucun visa exigé pour les ressortissants français.
– Permis de conduire et carte de crédit indispensables pour la location de motoneiges et le dépôt de garantie de l’assurance.
SANTÉ :
Aucune vaccination n’est nécessaire.
DÉCALAGE HORAIRE :
6 heures de moins qu’en France, en hiver comme en été (– 5 heures sur la côte Atlantique).
LANGUES :
Français, anglais.
MONNAIE :
Dollar canadien ($ Can ou CAD). 1 $ Can = 0,74 euros. 1 euro = 1,35 $ Can.
CLIMAT :
Continental à forte amplitude thermique. L’hiver rigoureux dure de novembre à avril-mai.
HÉBERGEMENT :
– La pourvoirie de Daaquam (dirigée par Max Vidal, qui a un élevage de 74 chiens et organise des courses de traîneaux), propose de multiples activités : traîneaux à chiens, motoneiges, pêche blanche, ski de fond, spa...
Le prix des séjours à l’auberge ou en chalet familial est à partir de 83 dollars canadiens/nuit/adulte en pension complète. Pourvoirie Daaquam, 47, chemin du Moulin-Saint-Just-de-Bretenières. Tél. (418) 244.3442. Site Web : www.daaquam.qc.ca
– L’Appalaches club & spa dispose de 7 chalets de 6 chambres chacun avec salle de bains privative, situés à flanc de colline autour du lodge principal. Vacances Transat propose des forfaits 8 jours/6 nuits à partir de 1 290 euros par personne en chambre double et en pension complète avec vols Air Transat inclus. Un certain nombre d’activités sont incluses dans la formule club : initiation à la motoneige, traîneau à chiens, ski de fond, raquettes, pêche blanche, hockey bottines, trois accès aux bains... Appalaches Lodge spa villégiature, 1, rue de la Coulée, Saint-Paul-de-Montminy. Appel gratuit : 1.866.661.0106. Site Web : www.appalachesspa.com
RENSEIGNEMENTS
– Ministère du Tourisme du Québec : 0.800.90.77.77 (Numéro Vert gratuit 7 j/7, de 15 eures à 23 heures en raison du décalage horaire entre la France et le Québec)
– Commission canadienne du tourisme : 01.44.43.25 07 (répondeur), www.voyagecanada.ca.
– Office de tourisme de la région Chaudière-Appalaches : Tél. 1 (418) 831-4411. Appel sans frais au 1.888.831 4411. Site Web : www.chaudiereappalaches.com.
– Vacances Transat : informations et réservations au 0.825.12.12.12 (0,15 euro TTC/min). Du lundi au vendredi de 9 heures à 19 heures et le samedi de 9 heures à 18 heures. Site Web : www.vacancestransat.fr.
Dormir dans la glace
Conseillé aux moins frileux qui veulent passer une nuit originale, l’Hôtel de glace propose un forfait à partir de 595 dollars canadiens la chambre double. Ce prix inclut le tarif d’une chambre « de rechange » dans la station, un cocktail vodka, un souper, un petit déjeuner, la location du sac de couchage nordique et l’accès aux bains tourbillon et au sauna.
Hôtel de glace, 143, route Duchesnay, pavillon l’Aigle, Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier (Québec). Tél. 1 (418) 875-4522. Site Web : www.hoteldeglace.qc.ca.
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