Des compétences avant tout

Le métier d’interne en pleine mutation

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Publié le 28/06/2018
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Crédit photo : PHANIE

« Le métier d’interne en gynécologie-obstétrique fait face à de profondes mutations. Le mouvement a commencé il y a quelques années avec la féminisation de la spécialité et la diminution du temps de présence des internes à l’hôpital. Et cela se poursuit avec la réforme du 3e cycle, qui favorise l’e-learning et met l’accent sur l’évaluation des compétences plutôt que des connaissances », explique le Pr Vassilis Tsatsaris (Paris), coordonnateur du DES de gynécologie-obstétrique d’Île-de-France.

La réforme du 3e cycle, entrée en vigueur en septembre 2017, a permis l’allongement de la durée du DES, passée de cinq à six ans. Elle a aussi validé un certain nombre de modifications pédagogiques importantes. « Jusque-là, la formation reposait sur un enseignement théorique traditionnel et un compagnonnage, notamment au bloc et en salle d’accouchement. Aujourd’hui, il y a une volonté de remplacer l’enseignement théorique présentiel au profit de l’e-learning. Les internes vont devoir s’organiser pour mettre en place cette autoformation et son autoévaluation. Pour les enseignants, la tâche est lourde, et implique de créer une offre d’enseignement en ligne attractive et de qualité », affirme le spécialiste.

Du compagnonnage au e-learning

Cela fait déjà plusieurs années que le DES de gynécologie-obstétrique a introduit de nouvelles approches pédagogiques, notamment via des programmes de simulation, bien adaptés à la spécialité. La réforme du 3e cycle accélère cette transformation. « Nous utilisons beaucoup la simulation basse-fidélité, qui repose sur des outils peu sophistiqués, peu coûteux, mais très utiles, notamment pour s’entraîner à faire des accouchements ou diverses manœuvres obstétricales. Nous avons obtenu un financement de l’ARS pour que tous les services agréés d’Île-de-France disposent de simulateurs d’accouchement. Cela nous permet de développer la simulation in situ, très complémentaire de celle des plateformes, se réjouit le Pr Tsatsaris. Aujourd’hui, on réserve l’accès aux plateformes pour la simulation haute-fidélité, permettant de recréer des situations complexes : accouchement prématuré, hémorragie de la délivrance, arrêt cardiaque en salle d’accouchement. On travaille aussi le savoir-être avec cette simulation haute-fidélité ou à travers des jeux de rôle avec des acteurs… »

Ces évolutions vont aussi avoir un impact important sur l’évaluation des internes. « L’esprit de la réforme est de développer l’évaluation des compétences. Cela est complexe à mettre en œuvre, car ce doit être effectué acte par acte par les médecins du service qui accompagnent les internes au quotidien. Elle devient donc particulièrement lourde pour les encadrants de stages », conclut le Pr Tsatsaris.

Entretien avec le Pr Vassilis Tsatsaris (hôpital Cochin, université Paris-Descartes), coordonnateur du DES de gynécologie-obstétrique d’Île-de-France

Antoine Dalat
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Source : Bilan Spécialiste