Le meilleur ami du diabétique

Publié le 08/01/2001
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I LS s'appellent Candy, Susie et Natt. Tous trois sont des chiens. Tous trois ont, par une sorte de sixième sens, perçu l'hypoglycémie de leur maître diabétique, ont donné une sorte d'alarme et l'ont en quelque sorte forcé à manger. D'une façon générale, les chiens pourraient constituer un système d'alerte pour les diabétiques.
Candy est une bâtarde de 9 ans. Sa maîtresse, âgée de 66 ans, est une diabétique sous insuline qui, depuis deux ans, a de fréquents malaises hypoglycémiques avec sueurs, fatigue extrême, anxiété et irritabilité. Depuis un an, avant chaque malaise (c'est-à-dire avant même que sa maîtresse ne ressente quoi que ce soit), Candy a un comportement stéréotypé : elle se lève d'un bond, va se cacher sous une chaise et n'en sort que lorsque sa maîtresse a pris des hydrates de carbone. Pendant ces épisodes, la glycémie de la patiente est à 1,5 mmol/l.
Susie, 7 ans, est également une bâtarde ; sa maîtresse de 47 ans, est également diabétique à l'insuline ; Susie a, elle aussi, un comportement particulier à chaque hypoglycémie. La nuit, elle a réveillé sa maîtresse qui était en hypoglycémie et ne s'est recouchée que lorsque celle-ci avait pris des hydrates de carbone. D'autres fois, elle a refusé son chocolat favori et a empêché sa maîtresse de quitter la maison jusqu'à ce qu'elle se soit nourrie pour éviter l'hypoglycémie. Pendant la plupart de ces épisodes, la patiente ne sentait pas qu'elle allait faire un malaise mais sa glycémie n'était qu'à 2 mmol/l.
Natt, enfin, est un Golden Retriever de 3 ans. Sa maîtresse, 34 ans, est diabétique sous insuline. Les épisodes d'hypoglycémie le perturbent : le jour, il fait les cent pas et pose sa tête sur les genoux de sa maîtresse ; la nuit, il aboie et gratte contre la porte de sa chambre. Et il ne se calme que lorsque l'hypoglycémie (mesurée à deux occasions : 1,6 et 1,9 mmol/l) de sa maîtresse est corrigée.
L'histoire bien documentée de Candy (au nom prédestiné), Susie et Natt permet de rappeler qu'environ un tiers des chiens vivant avec des diabétiques ont des modifications du comportement pendant les hypoglycémies.
Comment expliquer ce sixième sens ? Par la perception de l'odeur de sueur ou des tremblements musculaires ? Ou plus simplement par l'absence de réponse de leur maître aux sollicitation habituelles ?
Quoi qu'il en soit, après les chiens sniffeurs de drogue, d'explosifs, de produits de contrebande agricole, après les chiens guides d'aveugle, les chiens de premier secours en montagne..., voici peut-être les chiens détecteurs d'hypoglycémie pour diabétiques.

« BMJ » des 23-30 décembre 2000, pp. 1565-1566.

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6830