De notre correspondant
A GE de 55 ans, le médecin italien s'est plus particulièrement rendu à Lexington, dans le Kentucky. A l'hôpital du Samaritain de la ville, il y compte au moins un ami très proche, le Dr Panos Zavos, lui-même spécialisé dans les soins aux couples infertiles, et qui a vite annoncé qu'il rejoignait la coalition du Dr Antinori. Le nouveau groupe se réunira en mars à Rome.
Le Dr Antinori a déclaré qu'il disposait déjà de 10 couples candidats au « clonage thérapeutique » ; il s'agit de couples qui, selon le chercheur italien, n'ont aucun autre moyen que le clonage pour concevoir un enfant. De toute façon, a-t-il précisé, il ne tentera le clonage humain que dans un seul but : la naissance d'un enfant dans un foyer où il est « inconcevable ».
Le Dr Zavos a renchéri en déclarant qu'il n'ignorait aucune des objections éthiques qui ont été exprimées par les opposants au clonage humain. « Je ne doute pas, a-t-il ajouté, que notre première tentative sera accueillie par des protestations. Mais, compte tenu des progrès de la science médicale dans le domaine de la reproduction, je considère que le clonage humain est inévitable. »
A l'unversité de Pennsylvanie où existe un centre de bioéthique, le Dr David Magnus exprime son total désaccord avec le projet : « En admettant même que nous mettrions de côté les considérations éthiques, il demeurerait que nos connaissances en matière de clonage ne sont pas suffisantes pour que nous nous lancions déjà dans le clonage humain. Ce que Antinori et Zavos veulent faire est affreusement risqué », affirme-t-il.
Le Dr Antinori a rejeté cette opinion. « Notre procédure sera sans risques, dit-il. Et la possibilité offerte aux couples infertiles d'avoir un enfant pèse plus dans la balance que les dangers hypothétiques qui existeraient. Le droit d'être père ou mère est imprescriptible et la vie est sacrée .»
Comme on le sait, Antinori s'est fait connaître par des expériences qui ont permis à des femmes cinquantenaires ou sexagénaires de concevoir un enfant. Il s'est attiré les critiques du Vatican et de la communauté scientifique, qui n'a jamais manqué de souligner les dangers auxquels il exposait ces femmes âgées.
En tout état de cause, le clonage humain est interdit aux Etats-Unis, il est récusé par le Vatican et le Dr Antinori n'a pas voulu préciser le pays où il ferait sa première expérience, se contentant d'indiquer « un pays des bords de la Méditerranée ». Le médecin italien semble encouragé par les avancées du clonage, notamment celui de la brebis Dolly en 1997, et stimulé par un projet concurrent, celui de l'Américain Richard Seed, qui n'est pas médecin, mais physicien.
Il a décrit la procédure qu'il a l'intention de mettre en œuvre : des cellules seront prélevées sur le corps d'un homme (il n'a pas précisé l'organe ou la partie du corps), et le matériel génétique de ces cellules sera « uni » avec un ovule humain. L'ensemble sera « stimulé » artificiellement pour déclencher les dédoublements de cellule. Si tout va bien au bout de quelques jours, l'embryon ainsi obtenu sera placé dans un utérus et croîtra normalement.
Si, pour le Dr Antinori, les risques sont à peu près nuls, le Dr Magnus affirme : « Vous verrez que nous n'entendrons parler ni de la première expérience ni peut-être même des dix premières, parce qu'elles auront échoué ou produit des embryons avec des défauts si graves qu'ils seront avortés et détruits ».
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