EN EFFET, comme l’a rappelé le Pr Harousseau (Nantes), le myélome multiple est la seconde hémopathie par ordre de fréquence, touchant environ 750 000 personnes dans le monde. Le myélome multiple autrefois appelé maladie de Kahler, se caractérise par une anémie, par une hypercalcémie, par une atteinte de la fonction rénale, par des infections fréquentes et surtout par des douleurs et des fractures osseuses qui font que ce cancer au pronostic très sombre (environ 30 % de survie à cinq ans) est aussi une maladie effroyablement douloureuse. Or, constate le Pr Harousseau, ce cancer est très peu médiatisé. Il est vrai que Velcade, quand il est apparu, a été la première spécialité ayant une AMM dans cette indication depuis dix ans. Si bien que cette maladie effroyable n’avait pas de raison de faire parler d’elle.
Les inhibiteurs du protéasome.
Velcade (ou bortezomib) a tout d’abord vu ses propriétés reconnues dans le cadre d’essais précliniques menés par la société Millennium, et qui ont montré la capacité du produit à inhiber de façon réversible l’activité protéolytique du complexe protéasome dans les cellules de mammifères. L’inhibition de la voie de dégradation des protéines intracellulaires agit sur de nombreuses protéines impliquées dans la signalisation cellulaire et, donc, sur les processus de régulation de la cellule provoquant l’arrêt de la croissance et l’apoptose. A l’arrêt du traitement, l’activité du protéasome est réversible dans environ 72 heures. Ajoutons que l’importance du protéasome a été soulignée par l’attribution du prix Nobel 2004 à deux chercheurs israéliens et à un chercheur américain pour leurs travaux sur ce site clé de la dégradation protéique.
A partir de ces travaux, tout est allé très vite, les premiers patients ayant été inclus dans les études de phase I entre 1998 et 2000. Viennent ensuite des essais de phase II et III (Summit, Crest, Apex), qui montrent l’efficacité de Velcade dans le myélome multiple, ce produit apparaissant comme le plus efficace dans l’arsenal thérapeutique existant. Des résultats qui expliquent que les agences américaines comme européennes aient déclenché, pour l’autorisation de ce produit, des procédures d’enregistrement rapide. Avec, en 2004, une première indication chez des patients ayant reçu au moins deux traitements antérieurs, puis en avril 2005 une extension d’indication aux premières rechutes.
Sans pouvoir entrer dans le détail de tous les essais cliniques, on mentionnera l’étude Apex de phase III comparant Velcade en monothérapie à la dexaméthasone et qui met en évidence un allongement significatif du temps médian sans progression de plus de 70 % dans le bras Velcade, ce qui a conduit à l’arrêt du traitement pour des raisons éthiques. Un suivi médian de seize mois a démontré un taux de réponse de 43 % et une survie globale supérieure à deux ans.
Des chiffres qui, là encore, doivent être replacés dans le contexte du pronostic effroyable du myélome multiple, en particulier chez les patients en situation d’échec thérapeutique.
Un développement qui est loin d’être terminé.
Le mécanisme d’action original et les résultats du bortezomib expliquent le succès de ce produit qui, en très peu de temps, a été approuvé dans plus de 75 pays et qui a déjà permis de traiter plus de 50 000 patients. Cela explique aussi l’intensité des recherches cliniques sur cette molécule (on recense pas moins de 300 essais en cours), toujours dans le myélome multiple (introduction plus précoce de Velcade, association) mais, au-delà du myélome multiple, dans différents types de lymphomes, dans le cancer du poumon non à petites cellules et à petites cellules, dans le cancer de la prostate et dans d’autres cancers solides.
Tout ce qui vient d’être dit justifie l’attribution du Galien international à Velcade, celui-ci ayant été choisi parmi 14 autres médicaments en compétition. D’ailleurs, Velcade avait déjà remporté des prix Galien internationaux en Belgique, en France, en Suisse, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Notons enfin que c’est la seconde fois que Janssen-Cilag reçoit le prix Galien international, la rispéridone (Risperdal) ayant déjà été lauréat en 1996.
(1) Conférence de presse organisée par Janssen-Cilag, division Ortho Biotech.
Le prix Galien international
Né en France, à l’initiative de Roland Mehl, le prix Galien est chaque année remis dans 12 pays : Belgique, Canada, France, Allemagne, Italie, Luxembourg, Portugal, Espagne, Suisse, Pays-Bas, Etats-Unis et Royaume-Uni. Ces lauréats nationaux concourent pour le prix Galien International qui lui est décerné tous les deux ans.
La notoriété du prix Galien est devenue telle que certains le considèrent comme un véritable prix Nobel des industries de la pharmacie et de la biotechnologie. De fait, il s’agit de la plus haute distinction récompensant la recherche pharmaceutique et le développement clinique dans cette industrie.
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