Le festival Ciné Santé s'ouvre aux télévisions

Publié le 30/01/2001
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De notre envoyée spéciale

« Choisissez vos films, ça va bientôt commencer » lance, en maître de cérémonie, le Dr Michel Chassang à une foule de lycéens agglutinés dans le hall du centre de congrès d'Aurillac (Cantal), où s'est déroulé du 25 au 27 janvier le festival du film de santé.

L'hésitation des étudiants est légitime : pour sa huitième édition et sa seizième année d'existence (une édition tous les deux ans), le festival Ciné Santé, lancé par Michel Chassang, a programmé pas moins de 175 films sur les 400 reçus. En tout, 43 courts métrages ont été retenus, dont 25 destinés au grand public et 18 au corps médical et soignant. « Le festival Ciné Santé a pris beaucoup d'ampleur, affirme le Dr Chassang, médecin généraliste à Aurillac et président de l'Union nationale des omnipraticiens de France (UNOF), la branche généraliste de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français). Une ampleur internationale même, puisque 13 pays y participent aujourd'hui. Au début, on parlait d'un festival de films médicaux. Depuis 1989, on est passé plus largement au concept de santé. »
La salle 1 est comble. Programmes à la main, la plupart des lycéens d'Aurillac ont finalement choisi de voir « Les enfants du Dr Delépine », un reportage de vingt-six minutes produit par France 3 Ile-de-France. Le silence s'installe dans la salle. On suit Elodie, 18 ans, Stéfan, 10 ans, et Baptiste, 3 ans, dans le service de cancérologie du Dr Nicole Delépine, à l'hôpital Avicenne de Bobigny (93). « C'était vraiment super, réagit un jeune étudiant. On dit, dans le film, que le Dr Delépine est marginale. Mais moi je pense qu'il en faudrait d'autres comme elle. On voit que ces enfants atteints de cancer sont bien soignés, qu'on s'occupe bien d'eux. »
Mais voilà que le deuxième film sur les femmes et le tabac commence. En 2020, apprend-on notamment, les femmes mourront plus du cancer du poumon que du cancer du sein. « On n'est pas assez informé, s'exclame une autre étudiante . On sait que c'est nocif de fumer, mais pas à ce point-là. »

L'éducation des jeunes à la santé

Pour le Dr Chassang, la participation des élèves à ce 8e festival était primordiale : 109 classes de l'académie de Clermont-Ferrand ont participé au prix Jeune public. Un concours de création de site Internet sur l'alcoolisation chez les jeunes leur a été également proposé. « Il est normal de travailler avec ceux pour qui les films sont faits, explique-t-il. C'est essentiellement chez les jeunes qu'il faut faire de l'éducation à la santé. C'est comme ça que l'on peut modifier les comportements. »
En salle 4, l'ambiance est plus feutrée. Certains spectateurs, majoritairement du corps médical, prennent des notes. On comprend que le film intitulé « Les escarres, prévenir pour ne plus traiter » n'ait pas attiré le jeune public.
Les films du festival ont en effet deux vocations parallèles. Pour les uns, il s'agit d'informer le plus grand nombre et, au mieux, d'être achetés par des chaînes de télévision françaises ou étrangères. Pour les autres, l'enjeu est plutôt de participer à la formation médicale continue ou initiale, et d'être reconnus par les pairs.

Des outils de formation

Le Pr Patrice Queneau, doyen honoraire de la faculté de Saint-Etienne et désigné président du jury des films médicaux, se délecte : « Vous savez, moi, je suis un passionné de pédagogie. Et je n'ai pas été déçu par ce festival, résume-t-il. J'ai vu des films de grande qualité pédagogique, très concrets, et dans des domaines médicaux variés. J'aimerais beaucoup les présenter à mes étudiants. Ce sont des outils de formation formidables, autant pour les médecins et soignants que pour les malades. En outre, la qualité de l'image est remarquable. On n'en voit pas autant en salle d'opération », estime-t-il.
Si le festival Ciné Santé a toujours l'ambition d'être un carrefour international de rencontres entre professionnels de la santé, il est de plus en plus marqué par la présence des chaînes de télévision. « La collaboration avec les chaînes se renforce, note le Dr Chassang, qui y voit l'opportunité d'influer favorablement sur les programmes. Les indépendants ont de moins en moins de place aujourd'hui. Les films produits par les télévisions sont techniquement très bien ficelés même s'ils restent souvent moins originaux que celui qu'un amateur militant peut faire, nuance-t-il en évoquant par ailleurs le développement du multimédia. On pourra bientôt parler d'un festival de film et de communication », promet-il. Le festival Ciné Santé a déjà sa médiathèque en ligne (www.cinesante.com), qui permet d'avoir accès à plus de 1 400 références de films.

Le palmarès

• Films médicaux

- Grand prix du Festival : « Télescope : greffes d'organes : aux portes de l'utopie » (producteur : Roland Groerg, TSR, Genève).
- Prix spécial du jury : « Lève-toi et marche » (producteur : Paul Nahon, France 2).
- Prix du public : « L'Isolement septique » (producteur : hôpital privé gériatrique les Magnolias, Ballainvilliers).
- Mention spéciale : « l'Intubation sous fibroscopie chez l'enfant » (producteur : Jean-Pierre Monrigal, université d'Angers).
- Mention spéciale : « Frozen Hearts » (producteur : Brian Kay, Toronto).
- Prix de la meilleure qualité audio-visuelle : « Hugo et Linda » (producteur : Roland Minnaert, Mevipro Production, Hasselt, Belgique).
- Prix de la meilleure qualité scientifique : « Battements » (producteur : CNRS Audiovisuel, Meudon).
- Prix de la meilleure qualité pédagogique : « Oral Surgery Band VII » (producteur : Gerd Basting, Berlin, Allemagne).

• Films de santé grand public

- Grand prix du Festival : « Autour de la peste, Marseille, 1720-1722 » (producteur : Laurent Maget, CNRS Audiovisuel, Meudon).
- Prix spécial du jury : « Des vies brisées » (producteur : Michel Saurat, centre hospitalier Paul-Coste-Floret, Lamalou-les-Bains).
- Prix du public : « la Campagne du médecin » (producteur : Hugues de Rosière, Interscoop, Paris).
- Mention spéciale : « Quand j'étais petit » (producteur : Arnaud Selignac, MP Production, Paris).
- Mention spéciale : « On est quand même des magiciennes » (producteur : France Bonnet, ateliers Varan, Paris).
- Prix de la meilleure qualité audio-visuelle : « l'Amour pour unique remède » (producteur : Fatima Medouni, TF1, Boulogne).
- Prix de la meilleure qualité pédagogique : « Apprendre à me connaître » (producteur : Jacques Viau, hôpital Sainte-Justine, Montréal).

Stéphanie HASENDAHL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6846