Les réactions dans le monde médical
Le Dr Jean Gras, président de la Fédération des médecins de France (FMF), a déclaré au « Quotidien » :
« La journée du 25, c'est une occasion manquée. Nous y allions avec l'espoir d'obtenir de la ministre un geste qui aurait montré qu'elle avait compris le sens de nos manifestations du 25 octobre et de la journée "santé morte". En séance, nous avons demandé un gel des lettres clés flottantes et des diminutions des cotations de certains actes. Délibérément, la ministre a refusé. Nous sommes maintenant très inquiets de ce qui va venir. On nous a donné rendez-vous au mois de juin : si c'est pour refaire la même chose que le 25, ce ne sera pas la peine. Quant à notre participation à la concertation, les instances de la FMF décideront, sachant que nous avons déjà participé à un certain nombre d'états généraux, de missions... dont nous avons chaque fois constaté l'inutilité. Nous n'allons pas continuer à nous faire mener en bateau. La ministre a fermé la porte à la discussion, alors que son objectif annoncé était de renouer le dialogue. Cela prouve que l'épreuve de force n'est pas loin. »
Le Dr Pierre Costes
MG-France
rester vigilant
Le Dr Pierre Costes, président du syndicat de généralistes MG-France, a déclaré au « Quotidien » :
« Il nous semble que les conditions du dialogue ont été mises en uvre. Car, pour la première fois, tous les acteurs ont été réunis : ceux qui soignent, ceux qui gèrent, les responsables français des choix de la politique de santé et de son équilibre économique que sont les parlementaires et le gouvernement. Nous avons aussi entendu des discours libres, responsables et approfondis. Chacun a pu apporter son éclairage sur la crise actuelle, tant du système de soins que de l'état des relations entre les professionnels et les institutions, rompant ainsi avec les discours populistes et simplificateurs. Enfin, Elisabeth Guigou a annoncé l'ouverture d'un certain nombre de chantiers. Dont celui de la garde médicale libérale. Nous comptons donc nous inscrire dans un partenariat constructif. Mais il faut maintenant suivre l'avancée de ces dossiers et rester... vigilants. »
Le Dr Dino Cabrera (SML) :
construire autre chose
Le Dr Dinorino Cabrera, président du SML (Syndicat des médecins libéraux), a déclaré au « Quotidien » :
« La ministre a eu une excellente idée en réunissant tout le monde. Sur le fond, chacun a dit que le système actuel (de lettres clés flottantes) n'est pas bon. Les députés l'ont dit, précisant que c'était tout ce qu'ils avaient trouvé ; Elisabeth Guigou l'a dit en ajoutant que la loi, c'était la loi et qu'elle l'appliquait. Je dis que puisque tout le monde fait un constat négatif, il faut construire autre chose. Pour cela, il y a deux méthodes. Soit le gouvernement pense qu'il y a urgence, et alors il faut se lancer dans un Grenelle non-stop dont on ne sort que quand on a une solution. Soit on emprunte une voie typiquement française : on crée une commission, on noie le poisson, on se donne le temps d'aller faire sa petite campagne municipale, on voit après... Cette méthode, on l'a connue du temps de Barrot et du temps d'Aubry. N'est-on pas en train d'essayer de nous refaire le coup ? Les délais que s'est donnés la ministre me posent problème : s'il y a le feu, moi, je n'appelle pas les pompiers pour le mois de juin. »
Le Dr Jean-Gabriel Brun
UCCSF
Dialogue ouvert
Le Dr Jean-Gabriel Brun, président de l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (UCCSF), a déclaré au « Quotidien » :
« Je crois qu'Elisabeth Guigou a ouvert un dialogue. J'imaginais qu'elle ferait un show préélectoral pour calmer le jeu, mais cela n'a pas été le cas. Même si je n'ai pas un espoir fou, je pense que l'on peut aller vers quelques avancées, notamment dans le domaine de la nomenclature. En ce qui nous concerne, à l'UCCSF, nous participerons à la concertation. Il faut discuter très sérieusement du dossier de la qualité des soins. Il faut prendre part aux débats sur le dialogue avec les caisses. Pas pour signer, mais pour discuter, avec l'idée que l'on pourrait définir des conventions régionales. Je préfère être optimiste que pessimiste. C'est un pari. Mais il faut maintenant que les pouvoirs publics fassent des gestes concrets. »
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