M EME si les statistiques ne sont pas tout à fait précises dans ce domaine, reconnaît la secrétaire d'Etat à la Santé, Dominique Gillot, on compte en France quelque cinq millions de personnes souffrant de surdité.
Ces chiffres devraient toutefois augmenter de manière significative dans les prochaines années avec l'accroissement du nombre de personnes âgées, souvent atteintes de presbyacousie. Le groupement de recherche (GDR) mis en place par le CNRS sur une durée de quatre ans, avec l'aide financière des industriels et professionnels de la prothèse auditive (4 millions de francs sur un total de 15,4 millions)*, a pour objectif d'étudier l'influence du port d'une prothèse sur les performances auditives des adultes.
Ce GDR, explique Geneviève Berger, la nouvelle directrice générale du CNRS, est un exemple de travail interdisciplinaire réunissant la recherche appliquée et clinique et la recherche fondamentale, travail qui doit être renforcé selon elle.
L'effet des prothèses sur les performances
« Notre objectif n'est pas de fabriquer ou d'inventer de nouvelles prothèses auditives », reprend le responsable du GDR, le Pr Lionel Collet, qui dirige à Lyon un laboratoire des neurosciences et des systèmes sensoriels. Il est plutôt ???????d'étudier, chez les malentendants appareillés, l'évolution des performances auditives, de la compréhension, de la mémoire, de l'attention, ainsi que des modifications psychosociales et psychopathologiques.
Le GDR prothèse auditive associe cinq laboratoires du CNRS. Les chercheurs utiliseront les outils de la psychologie cognitive, de la psychoacoustique et de l'imagerie cérébrale fonctionnelle. Connues, les hypothèses de travail des chercheurs restent cependant à être scientifiquement prouvées. La modification de performances perceptives, cognitives et sociales d'une personne mal entendante, après la mise en place d'un appareillage auditif, n'a été aujourd'hui que signalée par les cliniciens. Sans savoir expliquer pourquoi, les chercheurs constatent que les porteurs de prothèse finissent par entendre mieux même sans leur appareil. Or, la France figure parmi les « lanternes rouges » européennes en matière de prise en charge de la surdité. Seulement quatre appareils acoustiques sont posés pour 1 000 habitants en France contre 6 pour 1 000 en Suisse, 10,4 en Grande-Bretagne et 13,3 au Danemark.
Seules la Belgique et l'Italie sont derrière la France. Ce retard est souvent dû aux réticences des malades (les appareils sont encore synonymes de vieillesse dans les pays latins) mais aussi au remboursement dérisoire des appareils. Alors que le prix moyen d'une prothèse est de 8 000 à 10 000 F par oreille, la Sécurité sociale ne rembourse que 1 310 F par malade. Au Danemark, elles sont entièrement prises en charge.
* Pour les industriels, Siemens, Oticon et Phonak ; pour les professionnels de la prothèse auditive, le groupement Entendre et le groupe CCA.
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