ARTS
par JEAN-JACQUES LEVEQUE
Boulogne-Billancourt : l'imagerie historique de Jean-Charles Langlois
Il était colonel et peignait. Demi-solde au lendemain de Waterloo, suspect, dans un premier temps, aux yeux du nouveau pouvoir, il se réfugie à Bourges et s'adonne à la peinture pour célébrer l'épopée à laquelle il avait lié sa vie de militaire. Revenu à Paris, Jean-Charles Langlois passe par les ateliers des « maîtres » du moment et voisine, rue des Martyrs, dans ce quartier de la Nouvelle Athènes alors en faveur auprès des artistes, avec Horace Vernet et Géricault pour lequel il pose. Il s'attache à la résurrection du panorama pour lequel il conçoit de nouveaux sujets. Sous la monarchie de Juillet, il retrouve une partie des faveurs du pouvoir. Il suit une ambassade à Moscou pour réaliser des décors pour ses spectacles, et ce sera l'Incendie de Moscou. Puisant dans la légende napoléonienne, il donne à rêver la Bataille des Pyramides, l'Egypte ayant déjà la faveur du grand public.
Personnage multiforme, peintre consciencieux et non dénué d'une certaine fougue, il sort de l'ombre, rejoint la cohorte des pourvoyeurs de l'imagerie historique à côté d'Hippolyte Bellangé, Raffet ou Horace Vernet (1).
Compiègne : René Moreu, un artiste hors normes
C'est dans un lieu lui aussi marqué par le souvenir de Napoléon, à l'espace Jean-Legendre, place Briet-Daubigny, à Compiègne, que l'on retrouvera avec plaisir les travaux de René Moreu (uvres de 1965 à 2000).
Voici un artiste hors normes, au parcours singulier, avec une constante, le goût du rustique et du merveilleux ; une pratique de l'art qui conçoit peinture et collage, sculpture et assemblage dans une même perspective de joviale et truculente malice, dans les terres de Dubuffet, au carrefour de ces entreprises artistiques qui font un pied de nez aux modes. Pour se délecter.
Arras : photographie et peinture
La reconnaissance de la photographie comme expression artistique s'accompagne d'un souci de révéler le patrimoine qu'il constitue. Ainsi, à Arras, où se regroupèrent autour de la technique du cliché-verre, Camille Corot, Léandre Grandguillaume, Constant Dutileux, a-t-on le légitime souci de faire connaître ces clichés qui retracent par ailleurs l'histoire de ce milieu artistique, témoignent des monuments et paysages de la seconde moitié du XIXe siècle. Leurs travaux sont confrontés à ceux de Delacroix, Millet ou Daubigny, tant l'apport de la photographie a joué un rôle capital dans l'évolution de la peinture du XIXe siècle. (3)
Bourg-en-Bresse : le lyrisme pictural de Judith Reigl
Au monastère royal de Brou (Bourg-en-Bresse), on joue la carte de l'art contemporain en présentant l'uvre mal connue de Judith Reigl. Cette artiste, née en Hongrie en 1923, s'installe en France en 1950 et d'emblée rencontre l'admiration d'André Breton qui cautionne son travail. Elle est rapidement assimilée aux expositions les plus avant-gardistes de l'époque et, du surréalisme, glisse vers une forme de lyrisme pictural, où intervient le geste, puis (avec Guanos) vient la curieuse expérience des uvres d'abord couvre-sol improvisées, lentement marquées, imprégnées par les pas, une stratification non contrôlée qu'elle décide de rehausser au rang d'uvre picturale « en donnant une simple forme architecturale » à ce qui était un chaos. Suivront d'autres séries : Hommes, en 1970, Déroulements, en 1973, Entrée-Sortie ou Portes, de 1986 à 1991, enfin Face à... et Un corps au pluriel, le parcours finissant sur Hors qui est une exploration du corps dans un espace indéterminé, se référant à Rimbaud, témoignant d'une profonde fidélité au pouvoir des poètes pour accompagner sa peinture
(1) Bibliothèque Marmottan, 7, place Denfert-Rochereau, à Boulogne-Billancourt, jusqu'au 24 février.
(2) Espage Jean-Legendre, Théâtre de Compiègne, Place Briet-Daubigny, jusqu'au 17 mars.
(3) Musée des Beaux-Arts, abbaye Saint-Vincent, 22, rue Paul-Doumer, Arras, jusqu'au 16 avril.
(4) Monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse, jusqu'à fin mai.
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