LES NAUSÉES et les vomissements sont, de l'avis des malades, les effets secondaires les plus pénibles de la chimiothérapie.
Globalement, plus de 35 % des patients ont des nausées et 13 % des vomissements aigus, c'est-à-dire survenant dans les vingt-quatre heures qui suivent le traitement ; 50 % et 60 % des patients ont des nausées et des vomissements retardés (survenant de vingt-quatre heures à plus de cent vingt heures après la chimiothérapie) lorsque la chimiothérapie est très émétisante ; 52 % et 28 % ont des nausées et des vomissement lorsque la chimiothérapie est moyennement émétisante.
Les antagonistes des récepteurs 5 HT3 à la sérotonine (sétrons) ont, dès leur mise sur le marché, considérablement amélioré la prise en charge des nausées et vomissements chimio-induits.
Bien que les sétrons soient très largement utilisés, ce problème n'est pas totalement résolu, souligne le Dr Mario Di Palma (institut Gustave-Roussy, Villejuif).
Une récente enquête (Grunberg 2004 (1) révèle que 13 % des patients traités par une chimiothérapie très émétisante ont toujours des vomissements aigus et plus de 50 % ont des nausées et/ou des vomissements retardés. Cette efficacité relativement médiocre sur le contrôle des vomissements peut s'expliquer par la physiopathologie des vomissements chimio-induits, explique le Dr Mario Di Palma.
Différents travaux montrent en effet que la sérotonine intervient dans les vomissements aigus, alors que la substance P semble jouer un rôle clé dans les vomissements retardés.
La substance P.
La substance P et son récepteur NK 1 sont, chez l'homme, très largement distribués dans le système nerveux central et périphérique. On les trouve au niveau du tronc cérébral dans une zone spécifique impliquée dans le contrôle des vomissements et, de ce fait, ils sont apparus comme une cible thérapeutique potentielle.
Les antagonistes des récepteurs NK1-R ont fait la preuve de leur efficacité clinique dans le traitement préventif des nausées et vomissements chimio-induits.
L'aprépitant est un antagoniste sélectif à haute affinité pour les récepteurs de la substance P neurokinine 1 (NK1), et le premier antagoniste NK1-R disponible pour la prévention des nausées et vomissements aigus et retardés associés à une chimiothérapie anticancéreuse.
Au cours des essais cliniques, l'aprépitant a été comparé à un sétron, les deux médicaments étant associés à un corticostéroïde. Les résultats mettent clairement en évidence le bénéfice de l'aprépitant sur le contrôle des vomissements retardés, alors que le sétron a tendance à être plus efficace sur les vomissement aigus.
Trois grandes études prospectives randomisées (2-3) ont comparé chez des patients recevant une chimiothérapie très émétisante (cisplatinum > 70 mg/m2) deux schémas thérapeutiques : ondensétron-corticostéroïde versus aprépitant- ondensétron-corticostéroïde.
Sous forme de gélules.
L'addition de l'aprépitant à l'association odensétron-corticostéroïde permet d'obtenir un meilleur contrôle à la fois des vomissements aigus et retardés, même chez les patients dont les vomissements aigus étaient mal contrôlés et cette efficacité est associée à une bonne tolérance.
En pratique, l'aprépitant est disponible sous forme de gélules à 125 mg et 80 mg. Il doit être administré pendant trois jours. La posologie recommandée est 125 mg une heure avant la chimiothérapie le jour 1 et 80 mg par jour les deuxième et troisième jours dans le cad
re d'un schéma thérapeutique comportant un corticostéroïde et un antagoniste 5-HT3 (ondensétron).
ECCO 13. Symposium satellite organisé par le laboratoire MSD et présidé par le Pr Richard Gralla (oncologie médicale, Columbia University, New-York, Etats-Unis).
(1) S. M. Grunberg, R. R. Deuson, P. Mavros et al., « Cancer », 2004 ; 100 (10) : 2 261-2 268.
(2) P. J. Hesketh, S. M. Grunberg, R. J. Gralla et al., « J. Clin Oncol », 2003 ; 21 ; 4 112-4 119.
(3) M. S. Aspro, H. J. Schmoll, S. Poli-Bigelli et al., Asco 2005 ; n° 8007.
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