L A justification de l'admission d'un sujet âgé en unité de soins gériatriques palliatifs (USGP) se pose à trois niveaux.
Premièrement, la personne remplit-elle le critère d'âge ? La limite est variable selon les USGP, mais les personnes les plus âgées (> 75 ans) sont toujours privilégiées.
Deuxièmement, la personne relève-t-elle bien de soins palliatifs ?
La Société française d'accompagnement et de soins palliatifs définit les soins palliatifs comme « des soins actifs dans une approche globale de la personne, en phase évolutive ou terminale d'une maladie potentiellement mortelle et dont il convient alors de soulager les douleurs physiques ainsi que la souffrance psychologique, morale et spirituelle. ».
La pathologie cancéreuse, les maladies cardio-vasculaires et les maladies neurologiques en phase avancée sont souvent retrouvées chez la personne âgée en fin de vie. Mais, plus que le ou les diagnostics, c'est l'évolution défavorable, l'absence de guérison possible et la perspective d'une mort proche qui vont définir la phase palliative de la prise en charge. La plupart des fins de vie sont assumées par les familles, les institutions médico-sociales et les services hospitaliers (aussi bien en aigu qu'en soins de suite ou soins de longue durée).
Troisièmement, cette fin de vie relève-t-elle d'une admission en unité de soins palliatifs ? A la différence du sujet jeune, qui entre en unité de soins palliatifs en phase terminale pour une pathologie unique (cancer ou SIDA), le sujet âgé peut présenter un état dont la gravité est liée à une polypathologie et non à une seule maladie potentiellement mortelle.
Le cancer reste néanmoins, chez les personnes âgées, une cause majeure d'entrée en unité de soins palliatifs. Il peut être associé à une insuffisance cardiaque difficile à contrôler, à des troubles neurologiques, urologiques, etc.
Un accompagnement médical et relationnel
Des patients âgés atteints de démence peuvent également relever d'une admission en USGP. Du fait de leur double compétence, les USGP sont à même d'assumer, si cela est nécessaire, cet accompagnement médical et relationnel très spécifique.
Finalement, la connaissance de la pathologie est un indicateur utile, mais l'indication essentielle pour l'admission est l'existence de symptômes physiques ou psychologiques inconfortables et non contrôlables.
Ces symptômes ne sont pas gérables chez un patient à domicile, dans une institution médico-sociale ou dans un service hospitalier dont l'orientation n'est pas toujours compatible avec la pratique des soins de vie (services de rééducation, services psychiatriques...).
D'autres critères justifient également l'entrée dans une unité de soins palliatifs : lorsque l'entourage familial a un besoin relationnel important et doit recevoir un soutien psychologique, mais aussi lorsque la charge en soins globale est très lourde et ne peut être assumée dans une autre structure.
Cette prise en charge de soins peut exister à plusieurs niveaux :
- soins médico-techniques (surveillance d'une pompe délivrant la morphine, soins aux patients gastrostomisés ou trachéotomisés, pansements lourds...) ;
- soins de nursing très rapprochés ;
- soins relationnels particuliers à l'approche de la mort.
Les demandes d'hospitalisation provenant du domicile sont privilégiées car elles sont considérées comme plus urgentes.
Préparer l'entrée en unité de soins palliatifs
Cependant, on conseille de préparer l'entrée en unité de soins palliatifs. Le rôle du médecin généraliste est d'anticiper cette situation et d'inciter le malade ou les proches à prendre contact avec les médecins des soins palliatifs. Ceci est possible par le biais des consultations externes avant même d'envisager l'hospitalisation. La durée moyenne de séjour en soins palliatifs est de trois semaines à un mois. S'il est vrai qu'une majorité de patients décède au cours de son hospitalisation, pour certains patients la prise en charge sera transitoire, le temps de gérer une situation de crise et d'organiser un retour au domicile dans de bonnes conditions, ou de préparer l'admission dans un autre type de structure (moyen séjour, maison de retraite médicalisée...) avec un suivi possible par la consultation de soins palliatifs.
D'après un entretien avec le Dr Pascale Fouassier, hôpital Charles-Foix, Ivry-sur-Seine
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