CHEZ LES COUPLES à risque de donner naissance à un enfant atteint de mucoviscidose, on propose aujourd’hui aux femmes enceintes une amniocentèse ou une biopsie des villosités choriales. Ces méthodes invasives, qui comportent un risque de fausse couche, pourraient être bientôt supplantées par une méthode non invasive (méthode Iset), qui consiste à analyser des cellules foetales présentes dans le sang maternel.
En 2003 (« The Lancet », 22 mars 2003 ; 361 : 1013), on s’en souvient, l’équipe de Patrizia Paterlini-Bréchot (Inserm 807) apportait la démonstration que cette méthode permet de faire le diagnostic prénatal d’anomalies génétiques (en l’occurrence, il s’agissait de l’amyotrophie spinale).
Dans la nouvelle étude, la même équipe, en collaboration avec celles d’Arnold Munnich (Inserm 781) et d’Yves Dumez (CHU Necker - Enfants-Malades). montre l’efficacité de ce type de diagnostic dans le dépistage de la mucoviscidose. Touchant un nouveau-né sur 4 000 naissances, la mucoviscidose se caractérise par des mutations du gène CFTR. Environ 5 000 Français sont touchés et on estime que 2 millions sont porteurs d’une mutation sans être malades. En France, si le dépistage de la maladie est systématique chez les nouveau-nés depuis 2004, le diagnostic prénatal n’est proposé qu’en cas de risque élevé d’avoir un enfant malade (parents porteurs d’un gène muté ou cas de mucoviscidose dans la famille) et/ou si des signes évocateurs de la maladie sont décelés à l’échographie.
Chez 12 couples à risque.
Actuellement, le diagnostic est réalisé par amniocentèse ou biopsie des villosités choriales (BVC), méthodes invasives qui comportent un risque de fausse couche.
Dans ce contexte, les équipes de Patrizia Paterlini Bréchot, Arnold Munnich et Yves Dumez ont testé sur un prélèvement de sang maternel la méthode Iset (Isolation by Size of Epithelial Tumour/Trophoblastic Cells) chez 12 couples à risque d’avoir un enfant atteint de mucoviscidose et suivis à l’hôpital Necker - Enfants-Malades. Les mères testées ont également subi une BVC.
Parmi ces 12 couples, 10 étaient porteurs de la mutation la plus fréquente du gène CFTR et 2 étaient porteurs d’une mutation inconnue. Les chercheurs de l’unité Inserm 807 ont analysé de 5 à 7 cellules foetales par mère sans connaître les résultats de la méthode invasive obtenue par l’équipe du Pr Munnich. L’analyse comparative des résultats a montré que la méthode Iset permet de réaliser un diagnostic prénatal de mucoviscidose fiable dans tous les cas testés.
Une seconde étude qui sera terminée dans dix-huit mois.
«Une seconde étude de validation clinique portant sur 16couples à risque et comprenant l’analyse d’au moins 10cellules foetales par mère a été requise par les statisticiens et les méthodologistes, explique un communiqué Inserm. Elle sera terminée dans dix-huit mois environ. Si ces résultats encourageants sont confirmés, elle permettra au centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal du site Necker de proposer la méthode Iset à la place de la méthode invasive à tous les couples à risque, c’est-à-dire ayant eu un enfant atteint de mucoviscidose ou dont un membre de la famille est malade. La confirmation de ces résultats ouvrira également le débat sur la possibilité d’offrir un diagnostic prénatal non invasif de la mucoviscidose à toutes les femmes enceintes.»
Signalons également que la méthode de dépistage prénatal Iset est en cours de validation pour deux autres pathologies : l’amyotrophie spinale infantile et la trisomie 21.
Ali Saker, Alexandra Benachi, Jean-Paul Bonnefont, Arnold Munnich, Yves Dumez, Bernard Lacour et Patrizia Paterlini-Bréchot. « Prenatal Diagnosis », publication avancée en ligne.
Ces travaux ont été financés par l’Inserm, l’Anvar, Metagenex, l’AP-HP et les associations Anjou Mucoviscidose et Vaincre la mucoviscidose.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature