Faire fonctionner le système hospitalier en synergie et de manière efficiente est un objectif des politiques menées par les pouvoirs publics. C’est ce qu’a tenu à rappeler, en introduction, Édouard Couty (photo), l’ancien directeur de l’hospitalisation et de l’offre de soins (Dhos). À la Réunion, les coopérations sont anciennes, si l’on se réfère aux exemples exposés au cours du colloque.
Un exemple unique de rationalisation de l’offre de soins
« En vingt-cinq ans, on a fait beaucoup de chemin dans cette île. C’est un exemple assez unique de rationalisation de l’offre de soins », observe Patrick Gras, directeur de la stratégie du tout nouveau CHR de La Réunion (photo). L’évolution a été en effet spectaculaire puisque le nombre de lits MCO est passé de 1985 à 2010, de 3 500 à 1 940 lits, alors qu’au même moment, la population augmentait de 55 % passant de 550 000 à 850 000 habitants !
En 1985, l’Île comptait dix établissements de santé publics. Vingt-cinq ans après, l’offre publique a été restructurée autour de trois pôles : le CHR qui regroupe le CH Felix-Guyon de Saint-Denis et le groupe hospitalier Sud-Réunion, le groupe hospitalier Est-Réunion (GHER) composé du centre hospitalier intercommunal issu de la fusion des hôpitaux locaux de Saint-Benoît et de Saint-André et de l’ancienne clinique de Saint-Benoît (cf. encadré) et le pôle sanitaire Ouest composé de deux établissements autonomes : le centre hospitalier Gabriel-Martin et l’établissement de santé mentale de Saint-Paul. Dans ce mouvement de restructuration, le secteur privé commercial n’a pas été en reste, avec l’apparition du groupe Clinifutur qui regroupe les cliniques Sainte-Clothilde, Saint-Vincent, Jeanne-d’Arc, les Orchidées, Saint-Joseph et la clinique de la Paix dans l’Ouest. À noter toutefois, contrairement au secteur public, l’apparition de nouvelles structures comme la clinique des Flamboyants spécialisée en psychiatrie, la clinique Avicenne spécialisée en ophtalmologie, deux cliniques de soins de suite et de réadaptation : Ylang Ylang et les Tamarins.
Cette tendance au regroupement s’observe également chez d’autres acteurs : Ainsi les réseaux de santé sont désormais regroupés au sein d’une fédération régionale. Trois groupements d’intérêt économique ont été créés dans le domaine de l’imagerie médicale : le GIE I2R qui gère les deux IRM du Nord, le GIE Irmest, successeur du GIE Irmir, qui va gérer l’IRM qui vient d’être autorisé dans l’Est (GHER/radiologues privés) et le GIE IRM Ouest réunion (CHGM/radiologues privés). Enfin, signalons le GIP Cyroi entre le CHR et l’université) créé pour la gestion du cyclotron et le GIP TOI dans le domaine de la télémédecine et des systèmes d’information.
Le CHR : un essai à transformer
Il s’agit du dernier-né des centres hospitaliers régionaux puisqu’il a été créé par un décret du 26 avril 2007. Il s’agit d’une structure atypique : les deux établissements qui le composent (centre hospitalier Félix-Guyon et groupe hospitalier Sud-Réunion) conservent leur personnalité morale en attendant la fusion programmée pour le 1er janvier 2012 après une étape intermédiaire de groupement de coopération sanitaire (GCS) en 2011.
La création du CHR est l’aboutissement d’un processus de convergence amorcée en 2006-2007 avec l’adoption du projet d’établissement. Mais voilà que se profile déjà un deuxième défi : celui de la création du CHU. L’UFR Santé a été créée en mai dernier. Les deux premières années se feront à l’Île de la Réunion à compter de la dernière rentrée universitaire, une troisième année sera mise en place à compter de l’année universitaire 2011-2012. Au plan de la recherche, une délégation à la recherche clinique et à l’innovation existe depuis 2010.
En attendant, le CHR occupe déjà une place de choix, tant au plan local avec 68 % des parts de marché du MCO dans le Sud et 38,5 % dans le Nord, que national où il figure au seizième rang des CHR/CHU.
Une coopération au-delà des mers
Ici, les coopérations ne s’arrêtent pas aux frontières de l’île. Elles concernent en premier lieu Mayotte qui « a besoin des compétences médicales de la Réunion », comme le déclare sans ambiguïté Alain Daniel, le directeur du CH de Mayotte, le seul établissement sanitaire de ce territoire d’outre-mer. Cette coopération prend plusieurs formes : missions médicales assurées par des équipes médicales réunionnaises tant publiques que privées, participation du CHM à des réseaux de santé réunionnais, évacuations sanitaires, formations, etc… Plusieurs projets devraient voir le jour dans les mois qui viennent, notamment dans les domaines de la télémédecine, la rééducation et la dialyse.
De son côté, le CHR a fait de la coopération régionale une de ses orientations stratégiques. Plusieurs conventions ont été signées avec les pays de la zone : Comores, Seychelles, Madagascar, Île Maurice et même le Mozambique. Les coopérations, mises en place entre l’Union des Comores et Mayotte après l’indépendance de l’archipel en 1974, constituent « une coopération sensible, obligatoire et souhaitable », selon les termes d’Alain le Garnec, conseiller au ministère de la Santé, de la Solidarité et de la Promotion.
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