Maladie de Parkinson

La recherche en ébullition

Par
Publié le 09/04/2018
Article réservé aux abonnés

Largement stigmatisée, la maladie de Parkinson reste méconnue du grand public. De fait, 94 % des Français connaissent cette pathologie mais seulement 20 % déclarent en connaître précisément les symptômes.

Par ailleurs, 9 % seulement associent cette maladie à des personnes en activité. Or dans 50 %* des cas, cette pathologie neurodégénérative débute avant 60 ans. Son étiologie est différente d'un patient à l'autre : dans 10 à 15 % des cas, la génétique joue un rôle prépondérant dans sa survenue. Dans les autres cas, la rencontre entre des facteurs de prédisposition génétiques et des facteurs environnementaux - tels que l'exposition aux pesticides, herbicides et insecticides - expliquent la survenue de la maladie. Lorsque celle-ci est déclarée, le maintien du lien social, d'une activité physique adaptée et une kinésithérapie spécifique sont primordiaux. « Les patients doivent travailler leur équilibre dès le début de la maladie. Car lorsque celle-ci évolue, les troubles de l'équilibre apparaissent et les traitements médicamenteux sont peu efficaces sur ce symptôme », indique le Pr Philippe Damier, neurologue au centre expert Parkinson du CHU de Nantes, président du Comité scientifique France Parkinson.

Mieux traiter le manque de dopamine

Les traitements de la maladie de Parkinson sont aujourd'hui efficaces tant que la symptomatologie reste liée à un déficit en dopamine. Mais avec l'évolution de la maladie, la réponse aux traitements peut devenir plus fluctuante. « L'administration continue en sous cutanée d'un agoniste dopaminergique (pompe à apomorphine) peut aider à lisser ces fluctuations. D'ici quelques années, nous espérons pouvoir administrer directement de la L-dopa (précurseur immédiat de la dopamine) par cette méthode, ce qui devrait réduire les effets indésirables. Aujourd'hui, le seul moyen d'administrer la L-Dopa de façon continue est par le biais d’une jéjunostomie », précise le Pr Damier. Lorsque l’essentiel de la symptomatologie que présente le patient est la conséquence du manque de dopamine, la neurostimulation cérébrale donne d'excellents résultats. « Des systèmes intelligents de neurostimulation sont en cours de développement : ils pourront moduler l'intensité de la stimulation à l'activité du cerveau », note le Pr Damier.

Freiner l'évolution de la maladie

Par ailleurs, au niveau cérébral, d'autres déficiences peuvent avec l’évolution s’associer au manque de dopamine. « En collaboration avec nos collègues marseillais, nous lançons dans les mois à venir, un essai thérapeutique pour développer un médicament qui agit sur les canaux chlore pour permettre de rétablir des dysfonctionnements secondaires au manque de dopamine chez les patients parkinsoniens », confie le Pr Damier. L'un des grands défis à venir reste à arriver à freiner l'évolution. « Dans ce cadre, avec le réseau français de recherche sur la maladie de Parkinson (réseau Ns-Park), nous venons de lancer un essai pour évaluer l'effet d'un anti-diabétique récemment développé (lixisenatide) qui pourrait agir sur des récepteurs à insuline présents dans le cerveau et avoir ainsi un rôle freinateur sur la dégénéresence des cellules à dopamine », conclut le Pr Damier.

* étude France Parkinson/IFOP, menée en février et mars 2018, auprès de 1011 répondants représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus.

Plus d'informations sur la maladie de Parkinson et la journée mondiale : www.franceparkinson.fr

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9655