S UPPORTEES par les pouvoirs publics depuis seize ans, les actions décentralisées de prévention de l'alcoolisme, en direction des écoles et des entreprises notamment, sont lâchées par l'Etat.
Il compte en effet sur la générosité de l'assurance-maladie via le Fonds national de prévention, d'éducation et d'information sanitaire, et a abandonné leur financement, d'un montant de 64 millions de francs. Or, le conseil d'administration de la CNAMTS s'est prononcé contre un tel transfert, le 19 décembre 2000. Le même jour, le Conseil constitutionnel a déclaré « non conforme » la disposition de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2001, selon laquelle les 25 millions de francs destinés aux consultations avancées d'alcoologie (CAA) ne relèvent plus du budget de l'Etat, mais, là encore, de l'assurance-maladie, au titre de « la gestion des risques ».
Les lois contre les exclusions du 29 juillet 1998 et celle créant la couverture maladie universelle du 27 juillet 1999 prévoient que des équipes agréées de centre de cure ambulatoire en alcoologie doivent aller auprès des populations en grande précarité qui souffrent d'un certain nombre de problèmes dus à l'alcool, c'est-à-dire dans les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (au nombre de deux ou trois par département). Vingt-cinq millions de francs étaient affectés annuellement à une telle mission en 1999 et en 2000 et devaient l'être pour 2001.
A la direction générale de la Santé, on a fait savoir à l'Association nationale de prévention de l'alcoolisme, qui a tiré la sonnette d'alarme, qu'il convenait « de ne pas se tracasser ». Jacques Chirac, de son côté, a rappelé, lors de ses vœux aux « forces vives », les professions de santé, que la prévention reste souvent le parent pauvre de notre système de soins.
Pendant ce temps, l'alcool continue ses ravages avec 50 000 décès et un coût social de 115 milliards de francs par an. En France, de 3 à 5 millions de buveurs se trouvent, et ils l'ignorent, dans une situation à risque, et 2 autres millions sont alcooliques. A l'hôpital, l'alcoolisme concerne 13 % des hospitalisés ; pour 3 %, il motive l'hospitalisation et, pour 10 %, c'est une maladie associée ou un facteur de risque. Un litre de vin par jour, combiné à 9 cigarettes, multiplie par 18 les risques encourus.
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