L’ostéoporose entraîne un risque accru de fractures lors d’un traumatisme de faible énergie (au maximum chute de sa hauteur).
Ainsi, environ 40 % des femmes et 15 % des hommes vont présenter des fractures de fragilité au cours de leur vie. « Le nombre de fractures ostéoporotiques de l’extrémité supérieure du fémur (FESF) reste relativement stable en France chez les femmes (environ 50 000 par an), alors que leur nombre augmente chez les hommes (15 000 par an) car ils commencent comme les femmes, à vivre 80 ans et plus… », souligne le Pr Hubert Blain (CHU de Montpellier). La FESF est le plus souvent grave, entraînant le décès dans l’année qui suit dans 20 % des cas et une perte d’autonomie chez la moitié des survivants. Les conséquences économiques de ces fractures sont énormes (près de 5 milliards d’euros par an).
Une fracture de fragilité entraîne une autre fracture. On parle de cascade fracturaire. La fracture du poignet est un signal d’alarme à ne pas négliger, car si l’ostéoporose n’est pas traitée, la patiente risque de se fracturer une vertèbre puis l’extrémité supérieure du fémur.
Rechercher les facteurs de risque
La fracture vertébrale est fréquente, mais sous-estimée. « La recherche de fractures vertébrales par radiographie standard ou Vertebral Fracture Assessment (VFA) est indiquée chez la femme ménopausée en cas de dorsalgies ou lombalgie, de perte de taille plus ou égale à 4 cm ou de cyphose dorsale », explique le Pr Hubert Blain. En outre, une ostéodensitométrie est indiquée en cas de facteur de risque d’ostéoporose : antécédent fracturaire possiblement ostéoporotique, IMC ‹ 19 kg/m², ménopause avant 40 ans, fracture du col fémoral chez un parent du premier degré, corticothérapie à dose cumulée significative, hypogonadisme prolongé (dont l’androgéno - ou l’estrogénoprivation chirurgicale ou médicamenteuse), hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie. « Les patients chuteurs doivent également bénéficier d’une ostéodensitométrie », ajoute le Pr Hubert Blain. Le calcul du FRAX (probabilité à 10 ans de fracture du FESF) n’est pas obligatoirement indiqué chez les sujets pour lesquels l’indication de traiter est évidente : antécédent de fracture ostéoporotique sévère (fémur proximal ou distal, tibia et humérus proximal, bassin, vertèbre) ou T score ≤ -3. Il peut être utilisé dans les autres cas en rapportant le risque à une courbe définissant le seuil thérapeutique en fonction de l’âge.
Le traitement préventif
Un traitement préventif des fractures liées à l’ostéoporose n’est indiqué que devant un risque fracturaire élevé : fracture de fragilité (sévère), T score ≤ -3, T score ≤ -2,5 et facteurs de risque de fracture (on peut s’aider de FRAX). Avant tout traitement spécifique, il faut normaliser le statut vitaminocalcique. Les bisphosphonates (alendronate, risédronate, zolédronate) sont les médicaments anti-ostéoporotqiues de première intention en l’absence de contre-indication (clairance de la créatinine ‹ 35 ml/min, hypocalcémie). Leur administration peut se faire par voie orale (à jeun, en prise debout), forme pouvant donner des effets indésirables digestifs ou par voie IV annuelle. « Après 6 mois, ou en cas d’insuffisance rénale, on peut prescrire le dénosumab (1 injection SC tous les 6 mois), qui est contre-indiqué en cas d’hypocalcémie », déclare le Pr Hubert Blain. Il est recommandé d’effectuer un bilan buccodentaire préalable, ces médicaments pouvant entraîner une ostéonécrose de la mâchoire en cas d’avulsion dentaire. Chez les patientes ayant au moins deux fractures vertébrales, le tériparatide (une injection SC/jour) peut être utilisé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature