C' EST presque sur la pointe des pieds que le cardiologue suisse Bernhard Meier (Berne) fait part de cet excellent bilan à l'heure où l'on se bat pour éviter les resténoses après angioplastie : une courte lettre dans le « New England Journal of Medicine ».
Retour au 14 septembre 1977 : la coronarographie réalisée chez un homme de 38 ans montre une sténose de haut grade - quoique discrète - de la partie proximale de l'artère interventriculaire antérieure, juste avant la naissance de sa première diagonale. Les autres coronaires sont normales, de même que le ventricule gauche. « Je dis au patient que le Dr Andreas Gruentzig pourrait lui proposer une alternative au pontage. Cette alternative état l'angioplastie coronaire. De façon candide, Gruentzig lui expliqua les résultats qui avaient été obtenus chez quelques centaines de patients traités avec un ballonnet pour des sténoses artérielles périphériques et mentionna la possibilité de réaliser immédiatement un pontage en cas de problèmes. Le patient consentit sans hésitation. »
L'angioplastie est réalisée le 16 septembre 1977, se passe bien et élimine les symptômes du patient. Il arrête de fumer et stoppe rapidement tous ses médicaments pour le cœur. Gruentzig publie les résultats en 1982 dans « Am Heart J » (Results from coronary angioplasty and implications for the future, 1982 ; 103 : 779-783).
« Lors du 20e anniversaire de cette procédure, je l'ai convaincu de prendre de l'acide acétylsalicylique et une statine pour ses taux discrètement élevés de cholestérol », raconte le Dr Meier.
En l'an 2000, à l'âge de 61 ans, le patient présente pour la première fois des gênes thoraciques récurrentes. Ces gênes surviennent au repos mais pas à l'effort. Le 10 avril 2000, l'homme passe une coronarographie qui montre un aspect normal du site qui avait été dilaté ; ailleurs, il n'existe que des anomalies mineures. On fait une épreuve d'effort qui est, sur le plan clinique et à l'ECG, normale à une fréquence cardiaque de 140/min et à une pression artérielle de 190/105 mmHg.
« Gruentzig et sa femme sont morts dans un accident d'avion le 27 octobre 1985. Je ne crois pas que Gruentzig aurait rêvé que son premier patient puisse rester libre de tout symptôme de maladie coronarienne pendant aussi longtemps », conclut Bernhard Meier.
« New England Journal of Medicine » du 11 janvier 2001, pp. 144-145.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature