De notre correspondant
F IN mai 2000, des analyses bactériologiques préoccupantes ont conduit la DASS à interdire pendant deux semaines la consommation d'eau du robinet dans plusieurs quartiers de Strasbourg. Se fondant sur les analyses effectuées en juin par le laboratoire d'hydrologie (CAR) de la faculté de pharmacie de Strasbourg pour le compte de la DASS, le Centre national de référence des entérovirus de Lyon a confirmé la présence, parmi les entérovirus décelés par le CAR, d'une souche de polio Mahoney, ce qui a amené la DASS à émettre l'hypothèse d'un « déversement de laboratoire » dans le réseau public.
Après avoir recensé tous les laboratoires susceptibles de posséder et d'utiliser ces souches, l'université Louis-Pasteur a réclamé des analyses complémentaires. Et la contre-expertise menée par le CNR de Lyon et l'institut Pasteur modifie les conclusions de la première analyse lyonnaise, car la souche est finalement une souche CHAT atténuée. Le laboratoire d'hydrologie strasbourgeois détenant lui-même cette souche, la DASS estime aujourd'hui que c'est sans doute au cours de son analyse qu'il a contaminé par erreur le prélèvement qu'il était en train d'étudier ; il n'y aurait donc jamais eu de virus de polio dans l'eau potable de la ville.
Encore des questions
Le Pr Jean-Yves Mérindol, président de l'université Louis-Pasteur, souhaite toutefois que toute la clarté soit faite sur cette affaire et relève les incohérences qui subsistent dans les deux analyses contradictoires effectuées par le CNR de Lyon. Il a ordonné une expertise au sein du CAR, afin de s'assurer de la rigueur avec laquelle les analyses y ont été menées. « Même si j'ai toujours douté de la réalité du déversement accidentel, explique-t-il, je veux que toutes les hypothèses soient vérifiées jusqu'au bout ; pour le moment, je ne formule aucune conclusion. ».
De son côté, la DASS du Bas-Rhin rappelle que, dès l'alerte, toutes les précautions ont été prises pour assurer une parfaite sécurité de l'eau distribuée et que tous les prélèvements ultérieurs ont montré l'innocuité de l'eau. Il appartiendra en dernier ressort au Conseil supérieur d'hygiène publique de France de présenter à son tour ses conclusions et ses recommandations concernant la gestion de cet épisode de pollution.
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