Traitements du psoriasis

La percée des anti-IL17

Publié le 09/03/2015
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Le secukinumab (Cosentyx) a obtenu l’AMM en janvier 2015 dans le psoriasis en plaques modéré à sévère dès qu’un traitement systémique est nécessaire. C’est une petite révolution en Europe dans le monde de la dermatologie. Auparavant, en effet, les biothérapies pouvaient être prescrites uniquement en cas d’échec ou d’intolérance à au moins deux traitements parmi les suivants : méthotrexate, ciclosporine, photothérapie. La France est-elle capable d’assurer budgétairement les prescriptions validées par cette AMM ? Le comité économique des produits de santé (CEPS), chargé de fixer les prix des médicaments, décidera. Il est possible que le remboursement de ce médicament s’aligne finalement sur les modalités de remboursement des autres biothérapies aujourd’hui disponibles. À suivre…

Quoi qu’il en soit, les résultats des études de phase III conduites avec le secukinumab (1) montrent des niveaux de réponse clinique très élevés et une réduction d’au moins 90 % de la sévérité des lésions cutanées (réponse PASI 90) après 12 semaines chez 40 à 50 % des patients. « Les résultats disponibles pour l’ixekizumab (2) et le brodalumab (3), dont les études de phase III sont en cours de finalisation, montrent des niveaux d’efficacité similaires dans une proportion équivalente de cas, souligne le Pr Denis Jullien. Reste à évaluer leur tolérance au terme des études ».

Anti-TNFα et ustekinumab gardent leur place

Les anti-TNFα, qui sont la principale classe de biothérapie utilisée dans le psoriasis, ne permettent d’obtenir ce niveau de réponse que chez un nombre plus limité de patients. Ils vont cependant continuer à être prescrits, d’autant que des produits biosimilaires, moins coûteux, vont apparaître.

«Les anti-IL17 augmentent le bénéfice clinique que l’on peut obtenir en terme de population, indique le D. Jullien. Mais chez certains patients, les biothérapies dont on dispose permettent déjà d’obtenir un blanchiment des lésions ».

Dans le rhumatisme psoriasique, les résultats des études FUTURE 1 et FUTURE 2 présentées à l’ACR (4) ont montré que le sécukinumab entraînait une amélioration clinique rapide et significative comparativement à celle du placebo en matière d’atténuation des signes et symptômes.

Dans l’actualité 2014, un inhibiteur de la phosphodiestérase 4, l’apremilast (Otezla), a obtenu l’AMM aux États-Unis et en Europe (en janvier 2015) dans le psoriasis modéré à sévère et dans le rhumatisme psoriasique.

Les études ayant permis l’enregistrement aux États-Unis ont été conduites contre placebo sans comparateur actif, ce qui pourrait avoir un impact sur l’avis de la commission de transparence et les modalités de remboursement du produit. La proportion de patients obtenant une bonne réponse clinique avec cette molécule (PASI 75 dans 30 % des cas à 16 semaines de traitement) est faible en comparaison de ce qui est observé avec les autres biothérapies, mais dans le rhumatisme psoriasique, les résultats semblent plus intéressants, avec 38 % des patients obtenant une réponse ACR20 après 16 semaines. En outre, sa tolérance semble bonne.

Le tofacitinib (Xeljanz), un inhibiteur des kinases JAK1/JAK3, poursuit son développement sous forme topique et orale. Les résultats des études de phase III de la forme orale montrent qu’après 12 semaines, une réponse PASI 75 a été observée chez 39 % des patients recevant 5 mg x 2/jour et chez 68 % de ceux recevant 10 mg x 2/jour.

D’après un entretien avec le Pr Denis Jullien, hôpital Édouard Herriot, Lyon

(1) Langley Richard G. et al. N Engl J Med 2014;371:326-38

(2) Leonardi C et al. N Engl J Med 2012;366:1190-9

(3) Communiqué d’Amgen et Astra Zeneca, 12 novembre 2014

(4) American College of rheumatology, novembre 2014

Dr Brigitte Martin

Source : Bilan spécialiste