« La patience et la persévérance » de l’aumônier musulman

Publié le 04/11/2011
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NOMMÉ il y a quatre ans par le CFCM (Conseil français du culte musulman) aumônier national pour les hôpitaux , Abdelhaq Nabaoui, qui est membre de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) et milite pour «un islam du juste milieu», se réjouit de l’adoption de la Charte, qui « prouve, souligne-t-il, que les quatre religions signataires peuvent travailler ensemble en bonne intelligence ». Ce docteur es sciences, marié à une généraliste, par ailleurs aumônier militaire régional, avait déjà pris l’initiative de publier une charte musulmane ; il y affichait le respect de la laïcité, la prise en compte de la réalité hospitalière et le souci de recruter des aumôniers compétents, loin de tout extrémisme ( « le Quotidien » du 18 avril).

« Notre priorité reste de pouvoir disposer des moyens matériels pour assurer un service d’aumônerie efficace, digne et intègre. Nous faisons acte de patience et de persévérance pour atteindre cet objectif. En quatre ans, nous sommes passés d’une dizaine à une trentaine d’aumôniers rémunérés par les hôpitaux, sur un effectif d’une soixantaine d’aumôniers référents qu’assistent plusieurs centaines de bénévoles regroupés en équipes. Mais nous restons loin du compte : ma région, l’Alsace, ne dispose pas d’un seul poste rémunéré. Moi-même, je ne bénéficie d’aucun défraiement pour assurer mes déplacements d’aumônier national. »

Si la question de l’obtention de lieux de culte ou de prière ne constitue pas, à ses yeux, un enjeu, celle de la formation reste cruciale, la charte se bornant à noter qu’elle peut être «proposée par l’établissement ou par l’autorité cultuelle».

Si la charte est loin de régler tous les problèmes posés par les pratiques religieuses à l’hôpital, « au moins, estime M. Nabaoui, elle fixe des règles claires pour une pratique des aumôniers qui ne s’ingère pas dans l’administration et ne se substitue pas au corps médical, tout en remplissant, lorsque c’est nécessaire, un rôle de médiation : par exemple, lorsque des patients demandent à être pris en charge par des médecins de même sexe, nous leur rappelons le devoir religieux consiste à être soigné sans poser une telle condition. »

PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN DELAHAYE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9036