Théâtre

La ménagerie de verre : Animaux sauvages

Publié le 01/04/2016

Crédit photo : Elizabeth Carecchio

Cette Ménagerie créée en 1945 n’a rien perdu de son caractère sauvage. Une mère se croit dompteuse d’animaux domestiques, à savoir une fille handicapée et un fils a priori soumis qui assure le gîte et le couvert de la famille. La chute sera fatale et sans nul doute irréversible. Un jour ou l’autre, un fils prodigue tend à marcher dans les pas de son père, même abandonnique. Et aller le plus loin possible, fuir avant tout. Avec un tel matériau, différentes lectures sont possibles. Soit le metteur en scène opte pour une vision naturaliste à la Zola. Le spectateur regarde s’agiter les personnages comme dans un bocal à la manière d’un entomologiste avec des insectes. Ici Daniel Jeanneteau privilégie une lecture analytique. Les acteurs sur le plateau sont séparés de la salle par le rideau de scène et un voile. Ils s’ébattent sur un vaste matelas blanc moelleux, autant de voiles et d’épaisseur où se voile l’inconscient. L’émotion est ici évacuée au profit d’une vision abstraite qui nous dissimule les acteurs presque tout au long de la pièce. Dans cet imaginaire habite une âme fantasque, la mère interprétée par la grande Dominique Reymond qui surjoue parfois et fait rire la salle. Elle en arrive à effacer la dimension cruelle de cette mère pourtant enfermée dans ses échecs et ses rêves d’une autre vie. Le texte résiste avec talent à ce traitement. Il s’impose comme un moment clé du répertoire théâtral du XXe siècle. Le verre, même s’il se brise, se révèle un matériau résilient…

La Ménagerie de verre de Tennessee Williams, mise en scène Daniel Jeanneteau, Théâtre national de la Colline, jusqu’au 28 avril 2016, puis Maison de la culture de Bourges du 11 au 13 mai, Le Quartz, Scène nationale de Brest, les 18 et 19 mai, Comédie de Reims du 24 au 27 mai.

Source : lequotidiendumedecin.fr