Un rôle éventuel des hormones

La grossesse, facteur d’atténuation de la SEP

Publié le 25/11/2009
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IL EXISTE un sexe ratio dans la distribution de la SEP entre hommes et femmes, qui indiquerait une susceptibilité plus importante chez les femmes, en même temps que des facteurs exogènes semblent exercer un effet bénéfique. Ainsi, la maladie est deux fois plus fréquente chez les femmes, mais elle est aussi moins sévère chez elles.

Le début de la SEP survient le plus souvent chez les femmes à l’âge de la procréation. Elles sont confrontées à un dilemme face à cela. À court terme, la grossesse a pour effet de réduire le taux de rechute, en particulier pendant le troisième trimestre (montré dans l’European Pregnancy Study), mais avec une multiplication par trois au cours du premier trimestre après l’accouchement. Qu’en est-il sur le long terme ?

L’atteinte d’un handicap important.

Des investigateurs Belges et Hollandais ont réalisé une étude transversale sur une cohorte de patientes atteintes de SEP pour évaluer les effets à long terme de la grossesse. Chez les 330 patientes, ils ont distingué 4 groupes : sans enfants (n = 80), avec des enfants nés avant le début de la maladie (n = 170), avec des enfants nés après le début de la maladie (n = 61), avec des enfants nés avant et après le début de la maladie (n = 19). Ils ont choisi comme critère d’évolution l’atteinte d’un handicap important, en mesurant l’intervalle entre le début de la maladie et l’atteinte d’un stade EDSS 6 (dépendance à une chaise mécanique, une étape décisive) et l’âge que les patientes ont à ce moment-là.

La durée moyenne d’évolution de la SEP est de 18 ans. L’étude suggère que les patientes qui donnent naissance à un ou plusieurs enfants après le début de la maladie peuvent présenter une évolution plus bénigne, exprimée à la fois par le temps mis à atteindre un stade cotant EDSS 6 et l’âge auquel c’est atteint, et ce, comparativement aux femmes qui n’ont pas eu d’enfants après le début de la SEP. L’étude montre aussi que le fait de donner naissance à un enfant, à n’importe quelle étape de la maladie, est assorti d’une moindre progression, par rapport aux femmes qui n’ont jamais eu d’enfant.

La grossesse semble bien donc avoir un effet atténuant sur la progression de la SEP. L’analyse avec régression de Cox comportant une correction pour l’âge du début de l’affection montre que les femmes ayant eu un enfant après le début de la maladie ont un risque relatif de 0,61 comparativement aux femmes sans enfants. Et que les patientes qui ont un enfant à n’importe quel stade ont un risque relatif de 0,66.

« Nous ne pouvons que spéculer sur les mécanismes sous-jacents. Le candidat le plus évident est représenté par le changement hormonal. » Les hormones sexuelles semblent jouer un rôle dans l’inflammation. Une étude avait été réalisée avec de l’estriol de femme enceinte donnée à des patientes souffrant de SEP et montrant une réduction de l’activité inflammatoire à l’IRM pendant la durée du traitement.

J Neurol Neurosurg Psychiatry 2009 ; 0:1-4, doi : 10.1136/jnnp.2008,163816.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr