L E choc des Anglais est à la hauteur des révélations. Selon une enquête officielle, rendue publique sous la forme de deux rapports, plus de 100 000 organes sont stockés dans les hôpitaux et les instituts universitaires médicaux d'Angleterre.
Au moins 16 500 de ces organes sont retenus sans le consentement des familles des défunts, et donc conservés de manière illégale, a précisé le ministre de la Santé Alan Milburn. Quelque 25 hôpitaux anglais détiendraient à eux seuls 88 % de tous les organes concernés.
Les prélèvements d'organes, effectués au cours d'autopsies, ont été réalisés non pour des greffes mais à des fins de recherche médicale ou dans le cadre de travaux pratiques pour les étudiants en médecine. L'enquête britannique révèle en outre que la majorité de ces organes n'a jamais été utilisée.
Cette révélation nationale fait suite à la découverte, il y a plus d'un an, de milliers d'organes d'enfants stockés dans le service du Dr Dick Van Velsen, à l'hôpital Alder Hey de Liverpool. Selon Alan Milburn, ce médecin chargé d'effectuer des autopsies sur les enfants décédés entre 1988 et 1995 a « systématiquement vidé de tous les organes chaque enfant mort subissant une autopsie », méprisant ainsi les souhaits de certains parents, opposés aux prélèvements. Le ministre de la Santé a également affirmé que le Dr Van Velsen - qui vit actuellement aux Pays-Bas - avait menti aux parents, aux autres médecins, aux administrateurs de l'hôpital. « Il a volé des dossiers médicaux, a falsifié ces dossiers et les statistiques », a-t-il ajouté. Le médecin, qui s'est justifié en affirmant que ces prélèvements lui étaient utiles pour ses recherches sur la mort subite du nourrisson, pourrait être poursuivi en justice. Le premier Ministre Tony Blair a d'ailleurs annoncé qu'il souhaitait faire du prélèvement d'organes sans le consentement de la famille une infraction pénale.
Le ministre de la Santé a pour sa part indiqué que la loi relative aux tissus humains (datant de 1961) allait être modifiée pour empêcher de tels excès et pour renforcer l'obligation absolue pour les médecins d'obtenir le consentement des familles avant de prélever des organes. A partir du 1er avril, une commission indépendante doit être créée pour organiser la restitution, aux familles qui le désireront, des organes prélevés illégalement sur leur proche.
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